Intervention de Olivier Cadic

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 30 novembre 2022 à 9h30
Audition de M. Emmanuel Chiva délégué général pour l'armement

Photo de Olivier CadicOlivier Cadic :

Vous avez répondu sur les difficultés concernant le financement de nos PME de la défense, ce qui les empêche de grandir. Ayant fait partie du comité Richelieu, je me souviens des propos de votre prédécesseur, Jean-Yves Helmer, à ce sujet, en 1996 : « Nous irons aussi vite que la viscosité du système nous le permettra. » Je constate que cela n'a pas beaucoup changé. Voilà peut-être pourquoi nos PME sont plus start que up.

Le cas Lumibird est une illustration d'une entreprise de taille moyenne (ETI) qui veut se développer. Lors de l'audition du ministre, le 11 octobre, vous nous avez assuré qu'avec le feu vert de la Commission européenne pour le rachat de 63 % de Cilas par Safran et MBDA, l'ETI française Lumibird resterait actionnaire. La DGA ferait en sorte que ce ménage à trois fonctionne pour développer une filière souveraine pour l'arme laser, déjà très en retard par rapport à l'Allemagne. Pour autant, les déclarations officielles de Safran et de MBDA à la Commission sont sans équivoque. Je cite : « Lumibird est un actionnaire minoritaire qui n'exercera pas de contrôle sur Cilas, même s'il continuera à détenir les 37 % restants ». Le conseil de surveillance de Cilas comportera six membres, trois de Safran, trois de MBDA et les décisions clés nécessiteront son vote unanime. Lumibird ne pourra opposer son veto à aucune de ces décisions.

Le projet industriel de Lumibird était de passer de sa position actuelle, de titulaire d'une minorité de blocage, à celle d'opérateur industriel pour redresser Cilas en catalysant le développement de l'arme laser sur la base des technologies déjà existantes. Lumibird est aujourd'hui dans une position intenable au sein de Cilas. Plutôt que d'user de sa minorité de blocage de tout mouvement capitalistique, Lumibird, libre de tout engagement, ne fait aucun secret de son intention de vendre ses parts.

Vous avez déclaré que votre rôle n'était pas d'écouter seulement les 12 grands maîtres d'oeuvre, mais aussi les 4 000 PME-ETI qui composent notre BITD, tout particulièrement quand elles sont porteuses d'innovations et de technologies. Que comptez-vous faire pour éviter un tel gâchis ?

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