Monsieur le président de la Rada, mes chers collègues, monsieur l’ambassadeur d’Ukraine en France, la guerre ! Il y a un an, presque jour pour jour, ce mot terrible, que l’on croyait banni du continent européen, a résonné de nouveau en Europe.
Il ne s’agit pas d’une guerre allégorique, de celles que l’on déclare de façon galvaudée dans une situation d’adversité. Il s’agit bien d’une guerre réelle, d’une guerre d’agression, dans toute sa brutalité.
À vrai dire, la guerre n’était pas chose nouvelle en ce 24 février 2022. Votre peuple, monsieur le président de la Rada, connaît la guerre depuis 2014, depuis l’agression de la Russie et l’occupation d’une partie de l’Ukraine, il y a neuf années déjà, même si ces derniers mois furent d’une intensité rarement égalée.
Ce qui a changé, à partir du 24 février 2022, ce fut la mobilisation, inédite, des soutiens de l’Ukraine dans le monde, au sein de l’Union européenne et en France, depuis le sommet de l’État jusqu’aux simples citoyens, sans oublier nos collectivités territoriales.
En effet, il faut le reconnaître avec lucidité : en 2014 et dans les années qui suivirent, à l’exception des Ukrainiens, agressés, et de quelques pays européens, nous n’avions pas pris, collectivement, la véritable mesure de ce qui se produisait sur le sol de l’Ukraine et du danger représenté par l’impérialisme russe.
Ce passé, fait d’irrésolutions, est désormais derrière nous. Votre cause est devenue la nôtre, parce que nous savons que l’Union européenne ne sera pas en paix si la Russie est victorieuse en Ukraine.
Nous n’avons qu’un objectif, et un seul : que demain l’Ukraine soit libérée !
La fermeté de l’engagement des pays qui vous soutiennent, dont la France, fait ses preuves. La décision de notre pays de livrer des chars AMX 10 RC, comme des canons Caesar, puis la décision par d’autres États de livrer des chars lourds ont constitué un tournant supplémentaire dans la détermination collective à vous soutenir.
Cet engagement est appelé à perdurer et à ne pas faiblir. Nous formons le vœu que la France, dans le cadre d’une aide militaire cohérente et concertée avec ses partenaires, continue d’apporter une contribution substantielle à votre système de défense, pour mieux protéger les populations civiles et vos installations stratégiques, et pour vous aider à résister et à reconquérir le territoire de l’Ukraine internationalement reconnu.
« Risque d’escalade », entend-on ? Cette interrogation est légitime. Mais quelle est l’autre solution laissée par la Russie ? Ce n’est pas l’Ukraine qui nous contraint à livrer toujours plus de matériel, c’est la poursuite de l’agression et des exactions russes qui nous l’imposent !
La France et l’Union européenne, à la différence de l’Ukraine, ne sont pas en guerre contre la Russie, mais les autorités russes ont bel et bien désigné comme leur adversaire « l’Occident », pour reprendre leur propre terme.
Dans ces circonstances, l’Ukraine doit être en capacité non seulement de résister, mais aussi de prendre l’avantage stratégique. Nous devons l’y aider.
Monsieur le président, il y a six mois, en juillet 2022, vous m’aviez accueilli, ainsi qu’une délégation de sénateurs, dans l’enceinte de la Rada et vous m’aviez donné l’occasion de prononcer un discours en séance plénière, devant tous les parlementaires.
Mes chers collègues, peut-on se figurer un parlement réuni régulièrement sous la menace permanente des alertes à l’approche de missiles destructeurs ? Tel est le quotidien de nos collègues parlementaires de la Rada.
En résistant, les Ukrainiens démontrent que l’héroïsme n’est pas la vertu des causes désespérées.
Je souhaite, mes chers collègues, que nous nous levions pour rendre hommage au courage de nos collègues parlementaires de la Rada, ainsi qu’à celui de tous les Ukrainiens, et que nous les applaudissions.