La conjoncture est excellente, puisque vous avez rencontré l'ambassadeur turc en France la semaine dernière. Par ailleurs, cela fera bientôt un an que l'invasion russe est intervenue en Ukraine. Cette invasion a été condamnée par la Grèce, qui s'est rangée sans réserve du côté de l'Ukraine en envoyant une aide humanitaire et des armements dans le cadre de la stratégie adoptée par l'Union européenne et l'OTAN.
S'agissant des frontières de notre pays, qui coïncident avec les frontières de la grande famille européenne, je veux rappeler que nous sommes toujours ancrés dans les principes du droit international, de la démocratie et de la paix. Ainsi notre pays lutte-t-il pour sauvegarder la paix dans la région, en respectant les traités d'où découlent les droits et obligations de notre pays et des pays voisins. Par ailleurs, nous nous efforçons de mettre en oeuvre tout ce qui découle de la convention des Nations unies sur le droit de la mer.
Malheureusement, la Grèce reçoit désormais quotidiennement, depuis plus de deux ans, des menaces de la Turquie contre son indépendance, sa souveraineté nationale et son intégrité territoriale. M. Erdogan et ses ministres menacent chaque jour ouvertement la Grèce, afin de la dissuader de faire usage de ses droits légitimes en matière d'extension de ses eaux territoriales de 6 à 12 milles marins, tels que définis par le droit international. Ils promeuvent également un révisionnisme de type ottoman - permettez-moi de le caractériser ainsi -, en essayant de modifier les traités en vigueur. Le président turc a même évoqué le « besoin » de changer le traité de Lausanne, signé voilà exactement cent ans, en 1923.
La Grèce affronte cette situation avec sang-froid et avec le souci constant de renforcer la paix et la sécurité du peuple grec.
Chers collègues de Paris, nous faisons tout notre possible pour éviter les tensions. Toutefois, nous sommes attachés à nos droits et à notre souveraineté nationale, qui ne sont pas négociables. À cet égard, je souhaite exprimer la reconnaissance du peuple grec envers la France, qui s'est toujours rangée du côtés de la Grèce dans les moments difficiles, par des actes, et non seulement par des paroles. Ce rapport très étroit entre nos deux pays a été confirmé par l'accord de coopération en matière de défense signé il y a plusieurs mois. Celui-ci prévoit le concours, en matière de défense, de l'un ou l'autre pays en cas d'agression militaire.
Aux niveaux politique et diplomatique, nous continuons de signer des accords et d'armer nos forces, afin d'éviter tout danger. Les Rafale français volent désormais avec les couleurs grecques, et nous avons reçu la première partie de l'ensemble de la commande que nous avons passée. Par ailleurs, trois frégates françaises sont en construction afin de renforcer la marine grecque.