Nous entretenons avec la France une relation non seulement stratégique, mais également historique. Lorsque mon parti, Syriza, était au pouvoir, il a développé cette relation ; je pense à la déclaration commune de 2015 et au road map de notre relation stratégique de 2016. Nous voyons dans la France non seulement un allié, mais encore un exemple pour les libertés, les droits et même les révolutions en Europe. Notre discussion ne se fonde donc pas uniquement sur des intérêts communs : elle doit aussi être l'occasion de promouvoir des principes que nous avons en commun.
La Turquie ne se contente pas de violer les droits de la Grèce ; elle viole aussi les droits de Chypre, de l'Irak et d'autres pays, en installant des troupes militaires d'occupation et en participant à des guerres, directement ou indirectement, comme au Haut-Karabagh, démontrant ainsi son peu de considération pour le respect du droit international.
Il faut diminuer les activités agressives de la Turquie à l'égard de la Grèce. Cela ne concerne pas que les intérêts de la Grèce et de la France : il y va de la paix en Europe et du respect du droit international dans notre région. On observe une escalade, y compris sur le plan diplomatique, avec une menace exercée sur la souveraineté grecque dans nos îles. Nous observons également des survols de notre espace aérien et des violations de notre zone économique exclusive, ainsi que l'instrumentalisation des migrants et des réfugiés.
Selon nous, il conviendrait de forcer la Turquie à respecter le droit international et de l'inviter à dialoguer avec la Grèce. Même s'il faut disposer des armements nécessaires pour faire face à toute menace, ce n'est dans l'intérêt d'aucun de nos deux pays d'entrer dans une course aux armements.
Notre collègue évoquait la défense européenne ; il faut aussi une politique extérieure commune. L'Europe a des forces en commun, mais il lui faut aussi une voix commune. Elle ne doit pas être, dans ses affaires extérieures, le porte-parole des États-Unis. Il nous faut une stratégie par rapport à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (Otan). Nous le voulons en tant qu'Européens et que Grecs, parce que l'Otan ne peut nous garantir la paix. En effet, pour les États-Unis, la Turquie présente un intérêt géopolitique plus important que notre pays - celui-ci doit donc pouvoir se défendre.
La guerre en Ukraine est l'exemple d'un conflit sans issue. Il n'y a aucune initiative en faveur de la paix. Les intérêts géostratégiques de l'Europe sont menacés par la prolongation de cette guerre ; je pense à la dégradation de la place de notre continent sur le plan économique par rapport à la Chine et aux États-Unis, mais également à notre vocation à devenir un troisième pôle international d'attraction.