La guerre en Ukraine a provoqué de grands troubles dans les Balkans. L'Ukraine est très proche de la Grèce et des Balkans et les évolutions qu'elle connaît nous influencent forcément. Selon moi, les perturbations qui existent dans les Balkans - la dernière crise, très dangereuse, remonte à décembre dernier, quand le ministre de la défense de la Serbie a demandé à ses forces armées d'être en état d'alerte absolu - sont liées à la guerre en Ukraine.
Il faut donc que cette guerre se termine. Je suis d'accord avec M. Katrougalos : malheureusement, il n'existe pas actuellement d'initiative en faveur de la paix. Du reste, un processus de paix qui émergerait maintenant pourrait laisser penser que la Russie a gagné. Or il faut à tout prix éviter cela : la Russie doit perdre cette guerre. La classe politique et le peuple grecs ont été, dès le début, contre cette invasion russe, illégale, injustifiée et qui a conduit à l'occupation de territoires ukrainiens. Le peuple grec se range donc du côté de l'Ukraine, bien que les conséquences de la guerre soient visibles dans le pays, notamment sur le coût de la vie.
La Turquie représente, pour la Grèce, un problème majeur. Il ne s'agit pas d'un problème général de politique étrangère comme tous les pays en connaissent : l'un de nos voisins nous menace de guerre ! Dans la presse internationale, notamment dans Politico, des articles récents évoquent ce problème et indiquent que le président turc Erdogan menace la Grèce d'une guerre afin de sauver sa peau d'un point de vue électoral. Les auteurs de ces articles affirment qu'il n'est pas improbable que, d'ici aux élections présidentielle et législatives turques du premier semestre 2023, nous connaissions un épisode de guerre ou un incident de frontière. Erdogan agit ouvertement en ce sens.
Les États membres de l'Union ne peuvent ignorer cette réalité. Nous n'avons pas de politique étrangère unilatérale. Nous sommes membres de l'Union européenne, de la zone euro, de l'Otan, mais nous sommes sous la menace d'une guerre de la part d'un pays voisin, au mépris de la Charte des Nations unies et des principes de l'Union européenne. La IVe armée turque est déployée le long de nos frontières... Vous devez connaître, mesdames, messieurs les sénateurs français, sous quelle menace nous vivons et vous devrez être attentifs aux attitudes agressives de la Turquie au cours des six prochains mois.