Intervention de Hendrick Davi

Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques — Réunion du 1er décembre 2022 à 9h30
Examen d'une note scientifique sur les espèces invasives hendrik davi député rapporteur

Hendrick Davi, député, rapporteur :

Durant les auditions, Anne Atlan a indiqué que les listes actuelles interdisent la commercialisation ou l'utilisation d'une plante y figurant. Ainsi, si l'arrachage d'une de ces plantes permet d'en faire ensuite un usage économiquement intéressant, celui-ci est néanmoins proscrit. Certaines plantes, arrachées massivement, pourraient être utiles, mais il n'est pas possible de les cultiver si elles figurent sur cette liste. D'autres chercheurs ont toutefois assuré qu'il ne fallait pas lever la restriction. Je pense, personnellement, que des espèces exotiques envahissantes pourraient dans certains cas être utilisées.

L'usage des exotiques pour adapter la forêt fait l'objet de réflexions avec les associations environnementalistes et les conservatoires botaniques. Il ne sera pas possible de se passer de certaines de ces espèces dans certains endroits. Il faut donc travailler sur leur perception. Typiquement, le cèdre de l'Atlas est un arbre exotique dans le sud de la France. Sur la base d'un travail à conduire avec la filière, ce bois pourrait être utilisé par les acteurs locaux. Une naturalisation est donc possible. C'est ce qu'il se passe avec le flamboyant à la Réunion. Pour autant, une certaine vigilance est nécessaire en cas d'importation d'exotiques, puisque l'on amène dans le même temps les parasites associés.

Concernant les outre-mer, il est interdit d'y introduire des espèces dans le milieu naturel, à l'exception des espèces naturelles. Leurs espaces sont bien plus protégés que ceux de la France métropolitaine. En revanche, je ne sais pas si les moyens sont suffisants pour faire assurer le respect de la réglementation par les contrôles. Je pense que cette mise en application passe par une sensibilisation de la population, comme c'est le cas chez les Anglo-saxons. Lorsque vous vous rendez en Nouvelle-Zélande ou en Australie, un nettoyage des chaussures est demandé pour éviter d'apporter des graines. Il est passé dans les moeurs. Nous pourrions ainsi imaginer des contrôles plus stricts dans les aéroports. Je n'ai pas le souvenir d'avoir été particulièrement contrôlé lorsque je me rendais en Guyane ou en Guadeloupe.

La piste des listes scientifiques spécifiques a été mentionnée. L'échelle européenne n'est pas nécessairement pertinente, puisque certaines espèces exotiques peuvent être envahissantes en France et pas ailleurs. C'est notamment le cas dans les outre-mer. Nous devons approfondir le sujet.

Enfin, le cadre des auditions n'a pas permis d'avancer suffisamment sur la question des jardineries et animaleries. J'ai surtout auditionné des scientifiques et gestionnaires de milieux naturels. Nous devrions pouvoir rencontrer les responsables de ces filières, tant du côté des syndicats que des enseignes, et les acteurs de l'État. Notre débat montre que ce point est problématique, et que l'on peut progresser. Les jardineries et animaleries importent ce qu'elles veulent et sont réticentes à communiquer leurs catalogues. En plus du contrôle et des interdictions, on pourrait envisager un étiquetage spécifique des produits qu'elles proposent à la vente, qui mettrait en exergue un plus grand danger d'envahissement. Nous pourrions miser sur l'intelligence des consommateurs. Un travail sur le sujet est nécessaire.

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