Intervention de Nadia Sollogoub

Réunion du 7 février 2023 à 14h30
Soutien du sénat à l'ukraine — Adoption d'une proposition de résolution

Photo de Nadia SollogoubNadia Sollogoub :

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, depuis un an, les auditions menées par le groupe interparlementaire d’amitié France-Ukraine que je préside ne portent ni sur les échanges culturels ni sur le partenariat économique. Ces auditions sont des récits d’horreur, de souffrance et de terreur, des récits de courage et de résilience.

À chaque entretien, nous promettons de porter des messages. Je remercie donc Claude Malhuret, qui me donne l’occasion de le faire, dans le cadre d’une tribune qui ne sera pas la mienne, mais celle de ceux qui souffrent et nous appellent au secours. Ce sera aussi la tribune d’un groupe d’amitié qui n’a jamais relâché ses efforts.

Le 23 mars 2022, nous étions une vingtaine devant l’ambassade de Russie à Paris. Nous portions un message simple, exigeant le respect des termes de la convention de Genève signée par la Fédération de Russie. Nous demandions d’urgence des corridors humanitaires pour les populations civiles. Nous portions les signatures de 170 d’entre vous, sénateurs de France. Nous n’avons pas été reçus, traités avec le plus grand des mépris.

Le 7 février 2023, nous exigeons de nouveau le respect des règles essentielles du droit humanitaire international, le respect des populations civiles, le traitement loyal des prisonniers de guerre et le libre accès des organisations humanitaires internationales, tout particulièrement la Croix-Rouge.

Le 2 novembre 2022, nous avons auditionné celles que l’on appelle « les femmes d’Azov », dont les époux, les pères et les fils ont défendu Marioupol jusqu’à la limite de leurs forces. Retenus désormais dans des endroits tenus secrets, torturés, privés de nourriture et de soins, ils sont sans contact avec leurs familles. Que cette résolution leur prouve que nous ne les oublions pas et que nous partageons l’épreuve de cette inhumaine angoisse !

Le 29 octobre 2022, nous recevions Mme Matviïchuk, avocate et prix Nobel de la paix, qui dirige le Centre pour les libertés civiles. Elle recueille des témoignages pour documenter les crimes de guerre. « On ne documente pas seulement les violations des conventions de Genève », explique-t-elle, « on documente la souffrance humaine ». Chaque jour, hélas, elle entend le pire. Nous devons lui promettre que ces dizaines de milliers de récits ne seront ni vains ni perdus et qu’un tribunal international dédié rendra sa justice.

Le 19 avril 2022, les responsables du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) témoignaient des souffrances des enfants en temps de guerre, en Ukraine tout particulièrement. Les enlèvements massifs d’enfants vers la Russie ne faisaient déjà plus de doute, même si leur décompte manque encore de précision. Nous devons, par cette résolution, les dénoncer vigoureusement.

À cette occasion, des chiffres nous ont été rappelés : en 1914, 90 % des victimes de la guerre étaient des militaires et 10 % des civils. De nos jours, la proportion s’est inversée. Désormais, dans un conflit où l’un des deux belligérants cible intentionnellement les populations civiles, le nombre de femmes, d’enfants et de vieillards parmi les victimes est intolérable. Par cette résolution, chers collègues, dénonçons une dérive inhumaine !

Je voudrais aussi avoir une pensée pour nos collègues députés de la Rada de l’Ukraine, qui travaillent chaque jour et sans relâche, parfois sous les attaques des bombes. Je pense, par exemple, à Lyudmyla Buymister qui, au lendemain de l’agression du 24 février, témoignait par visioconférence, en gilet pare-balles, pour demander des casques et supplier l’Europe de fermer le ciel.

Voilà quelques-unes des voix que je porte au nom du groupe d’amitié.

Chaque jour de guerre est un jour de trop. À la gare de Kiev, un grand nombre de jeunes gens partent quotidiennement pour le front et une file d’ambulances récupère les blessés : c’est d’une tristesse infinie.

Nous souhaitons tous que cette guerre cesse au plus vite, mais c’est aussi notre rôle et notre devoir que d’exiger tout de suite le respect des valeurs essentielles de la France, pays des droits de l’homme.

Enfin, je dois vous dire, chers collègues, que mon oreille russophone se familiarise avec l’ukrainien au fil des auditions. Un mot, que j’ai fini par comprendre, revient dans chaque phrase : « pidtrymka, pidtrymka », c’est-à-dire « le soutien ».

L’Ukraine a besoin de notre soutien sans faille, à chaque instant. Le président Stefantchouk…

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