Intervention de Olivia Grégoire

Réunion du 7 février 2023 à 14h30
Automobile : tout électrique en 2035 est-ce réalisable — Débat interactif

Olivia Grégoire :

Mme la sénatrice Saint-Pé, vous interrogez le Gouvernement sur le risque que ferait peser sur notre système énergétique un accroissement de la consommation d’électricité en France.

Une étude, que vous connaissez sans doute, publiée en 2019 par RTE (Réseau de transport d’électricité) a montré les effets de la mobilité électrique sur la consommation électrique française. Elle confirme que le système électrique français peut absorber le développement du véhicule électrique, même avec un pilotage limité de la recharge.

La consommation totale d’électricité des transports individuels et collectifs pèserait au plus un dixième de la consommation totale d’électricité en France d’ici à 2035. C’est moins que la consommation de chauffage résidentiel ou que l’augmentation de la consommation électrique de la France entre 2000 et 2010.

Par ailleurs, la consommation énergétique additionnelle, qui est nécessaire à l’électrification du parc, pourrait être en grande partie compensée par les gains d’efficacité énergétique réalisés dans les autres secteurs, comme le logement, puisque nous menons en parallèle, comme vous le savez, une vaste politique de rénovation énergétique.

De plus, le pilotage dit intelligent de la recharge peut permettre de lisser les besoins de consommation pour éviter les pointes, qui sont gourmandes en énergie et qui entretiennent le besoin d’importations ou la nécessaire production d’énergies fossiles.

Le développement d’outils intelligents de recharge sera l’une des clés de la soutenabilité des véhicules électriques et pourrait apporter un élément de réponse aux besoins grandissants de flexibilité du réseau électrique.

Madame la sénatrice, vous nous interrogez enfin sur la possibilité d’utiliser le biogaz pour la mobilité. Le bilan carbone du biogaz peut, certes, concurrencer celui des véhicules électriques, mais l’analyse du cycle de vie a ses limites : elle ignore la disponibilité concrète et les coûts liés aux technologies. Or le biogaz a une disponibilité actuelle et future limitée. Sa large distribution nécessiterait des investissements forts. Ces deux contraintes ne permettent pas actuellement d’en faire une solution de remplacement à l’électrique pour décarboner les voitures ou les utilitaires légers.

Aussi, nous recommandons de réserver les ressources limitées du biogaz dans les secteurs qui sont déjà dépendants du gaz plutôt que de créer une demande supplémentaire dans le secteur du transport, où il existe des technologies plus adaptées et plus matures.

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