Intervention de Jean-François Husson

Réunion du 7 février 2023 à 14h30
Automobile : tout électrique en 2035 est-ce réalisable — Conclusion du débat

Photo de Jean-François HussonJean-François Husson :

Madame la présidente, madame la ministre, notre débat aurait plutôt dû s’intituler : « Automobile : tout électrique 2035, est-ce souhaitable ? »

Je veux remercier les différents intervenants, ainsi que Mme la ministre. Nous avons entendu des points de vue très concrets, des questions pertinentes et des réponses très étayées. Mais, pour atteindre le double objectif d’une production automobile décarbonée et de la lutte contre la pollution automobile, un véritable travail est encore à mener, notamment pour acquérir de meilleures connaissances. J’évoquerai dans quelques instants l’analyse du cycle de vie de la production automobile et de son utilisation.

Le secteur automobile concentre les défis les plus importants : transition écologique, économie et liberté, à laquelle nous sommes très attachés, de se déplacer.

Bien entendu, il faut verdir le parc automobile. Au travers de vos interventions, mes chers collègues, vous avez tous suivi cette logique, certains étant cependant moins jusqu’au-boutistes que d’autres, notamment s’agissant de la date couperet de 2035. Nous devons d’ores et déjà entendre les interrogations qui s’expriment.

Personnellement, je ne crois pas qu’il faille s’orienter vers une seule technologie, car ce n’est jamais bon, notamment lorsque ladite technologie rencontre des difficultés.

Il a été rappelé à juste titre que la création d’une filière industrielle se déroulait en plusieurs étapes, notamment au travers de l’aménagement du territoire et d’un déploiement suffisant des unités de production. Le triptyque suivant est également indispensable : une formation qualifiée à tous les échelons ; une production automobile si possible française ou européenne ; une capacité d’exportation de cette production en vue d’améliorer notre balance commerciale, qui en a grandement besoin, alors que la filière automobile perd actuellement des parts de marché.

Il existe enfin un enjeu de mobilité propre, qui comprend à la fois la liberté de déplacement – nous serons attentifs à son respect – et le maillage territorial. Il faut en effet disposer de stations de recharge sur l’ensemble du territoire, et notamment là où sont les grands flux de circulation ; je pense aux aires d’autoroutes. De même que nous avions besoin voilà quelques décennies de nombreuses stations essence, c’est en installant des stations de recharge au plus près des territoires que nous assurerons la mobilité électrique.

Ainsi que plusieurs d’entre nous, en particulier Patrick Chauvet, qui a été le premier à nous alerter, l’ont souligné, il faut veiller à ce que 2035 ne soit pas une date couperet, à cause d’un choix technologique exclusif qui serait hâtif. C’est la raison pour laquelle – je le redis – il faut s’intéresser de près aux biocarburants, au rétrofit électrique et à l’hydrogène. Un panel de solutions me semble préférable.

Un autre défi est devant nous : l’aménagement du territoire, qui doit concilier transition écologique, justice sociale et réussite économique sur l’ensemble de notre pays. J’ai bien entendu ce que disaient nos collègues du Nord ; chacun défend son territoire. Mais il faudra faire preuve d’une certaine forme d’intelligence collective.

Par ailleurs, le secteur de l’automobile n’est pas cantonné à la production. Il comprend aussi la mise sur le marché et l’entretien. Il conviendra donc de déployer sur l’ensemble du territoire des formations et des unités en vue d’entretenir et de réparer les véhicules électriques. Ces formations nouvelles ne sont pas encore finalisées ; il faut y travailler.

Derrière l’enjeu économique se trouve un enjeu écologique majeur : l’analyse du cycle de vie de la production des véhicules électriques et des batteries. Le Gouvernement ne pourra pas s’exonérer du partage des réflexions sur le sujet avec la représentation nationale, afin que les orientations définitivement arrêtées répondent aux besoins d’aujourd’hui.

Enfin, je tenais également à vous remercier de votre rigueur souriante, madame la présidente. Vous avez été une parfaite maîtresse des horloges !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion