Intervention de Olivier Becht

Réunion du 7 février 2023 à 14h30
Commerce extérieur : l'urgence d'une stratégie publique pour nos entreprises — Débat sur les conclusions d'un rapport d'information de la délégation sénatoriale aux entreprises

Olivier Becht :

Madame la présidente, mesdames, messieurs les sénateurs, je voudrais tout d’abord rendre hommage à la qualité du travail des parlementaires qui ont produit ce rapport, dont je partage le constat, ainsi que, nous le verrons, une bonne partie des propositions.

J’en profite pour saluer également la qualité du rapport rendu la semaine dernière à l’Assemblée nationale par le député Charles Rodwell, et je vous remercie, madame la présidente, d’avoir rendu ce débat possible ce soir au Sénat, le jour même où nous rendons publics les chiffres du commerce de la France pour l’année 2022.

Il me semble utile de commencer par une précision de langage : on parle de 164 milliards d’euros de déficit commercial, mais ce chiffre correspond en réalité à la balance des biens.

La balance commerciale, c’est aussi la balance des revenus et celle des services. Or autant la balance des biens connaît un déficit extrêmement important, qui a doublé par rapport à l’année dernière pour les raisons liées aux questions énergétiques que nous avons évoquées, autant la balance des services a un excédent de 50 milliards d’euros, qui est, lui aussi, un record dû à la reprise du tourisme, ainsi qu’au dynamisme de nos transports et de nos services financiers.

En effet, à la suite du Brexit, la place de Paris est devenue – il faut le souligner – la première place boursière en Europe en matière de capitalisation par actions. Nous avons détrôné la City ! De temps à autre, il faut aussi entendre la forêt pousser et pas simplement l’arbre tomber.

Nous sommes donc bons dans le domaine des services et dans celui des revenus. De grandes entreprises et certaines entreprises françaises de l’étranger rapatrient d’ailleurs leurs revenus en France. L’excédent de 30 milliards d’euros est considérable. Là aussi, c’est un record comparé aux dix années précédentes, pendant lesquelles la balance était excédentaire de 8 milliards d’euros environ en moyenne.

Il ne faut évidemment pas se satisfaire de cette situation, puisque, nous en sommes d’accord, la balance des biens pose un véritable problème. Celui-ci s’explique pour partie par le déficit énergétique : ce problème est conjoncturel, et nous allons le résorber. Mais il existe également un déficit structurel, lié, nous l’avons dit, à la fois à la désindustrialisation que notre pays a subie au cours des trente dernières années et à la faiblesse de nos PME-PMI à l’exportation par rapport à nos grands voisins.

C’est dans ces domaines qu’il faut agir, et qu’il faut agir vite. Nous avons lancé la réindustrialisation avec le plan France 2030 : quelque 54 milliards d’euros ont été mis sur la table. Et les résultats sont déjà visibles aujourd’hui, parce que l’on construit des usines au lieu d’en fermer et parce que des emplois industriels sont créés, notamment dans des domaines stratégiques, comme les semi-conducteurs, avec STMicroelectronics à Crolles, la pharmacie et les principes actifs, avec l’usine Seqens dans l’Isère, ou encore le lithium, raffiné dans l’Allier ou exploité dans le Bas-Rhin.

Un certain nombre d’initiatives positives ont donc déjà été engagées.

Il y a un dernier domaine dans lequel nous devons agir rapidement, car la réindustralisation prendra du temps : c’est celui de nos PME-PMI. M. Lemoyne l’a rappelé, nous avons une première source de satisfaction avec l’augmentation du nombre d’entreprises exportatrices, passées de 120 000 à 144 400 l’année dernière. Mais ce chiffre reste insuffisant comparé à nos grands voisins.

La culture de l’exportation doit être inculquée à nos PME-PMI : ce combat doit être mené, et il nous faut avancer mètre par mètre, en demandant aux acteurs de la Team France Export, particulièrement aux conseillers des CCI, en plus de ceux de Business France, de faire du porte-à-porte auprès des PME pour les aider à se projeter à l’exportation.

C’est l’engagement que je prends devant vous en tant que ministre délégué en charge du commerce extérieur et de l’attractivité. C’est un combat que nous pouvons remporter, et nous gagnerons ensemble !

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