Or, dans les années soixante, compte tenu de l'avance technologique des Américains, des Européens, voire des Japonais sur le reste du monde, il était entendu que la spécialisation des productions se ferait de la façon suivante : les trois grandes puissances se consacreraient à la production des biens à forte valeur ajoutée et les pays émergents produiraient essentiellement des biens de faible valeur ajoutée. À nous le high-tech, à eux les tee-shirts !
Hélas, vous savez ce qu'il en est aujourd'hui ! Cette prévision, qui était fondée sur un faux diagnostic, ne s'est pas réalisée puisque la distribution de la production économique mondiale a été bouleversée par le non-respect des règles de l'OMC, comme je le démontrerai ultérieurement.
La prétendue supériorité des trois grandes puissances sur le reste du monde n'a pas résisté à l'épreuve des faits, et ce pour plusieurs raisons.
D'une part, les cycles de négociations du GATT ont été abordés avec une certaine arrogance, une certaine condescendance, ce qui n'est pas, à mes yeux, une méthode d'analyse objective et pertinente.
D'autre part, nous avons oublié que nous avions en face de nous des civilisations millénaires qui représentaient un poids démographique considérable. L'Inde et la Chine forment aujourd'hui plus de chercheurs et de mathématiciens que l'Europe et les États-Unis réunis !
Dans ces conditions, treize ans après la mise en oeuvre des règles de l'OMC, nous voyons arriver une véritable déferlante.
La Chine réussit, comme nous, la greffe de visage et lance son propre système de navigation par satellite, concurrent de Galileo. L'Inde songe à réaliser un vol spatial habité. L'essentiel du commerce extérieur chinois est désormais constitué de produits high-tech, de machines électroniques et industrielles.
En 2006, mes chers collègues, la Chine est devenue le deuxième investisseur mondial en matière de recherche et développement. Cela devrait nous faire réfléchir !
Malgré la productivité élevée que connaît la France, on ne peut sans cesse culpabiliser les travailleurs en leur demandant de faire plus, d'être compétitifs avec des pays qui, comme je l'expliquerai dans un instant, ne respectent pas les règles qui s'imposent à nous.