À partir des années 1960, les femmes sont massivement entrées dans l'emploi. Leur taux d'activité avoisine les 85 % pour les 25-45 ans depuis les années 2000 environ. Cette féminisation du marché du travail répond à une volonté politique de développer l'emploi féminin, notamment via l'offre de garde ou les politiques familiales. Elle est par ailleurs concomitante à la diffusion d'une norme d'emploi. Il est devenu de plus en plus normal et attendu, pour une femme, qu'elle occupe un emploi lorsqu'elle est mère. Pour les femmes nées dans les années 1930 ou 1940, entrées dans le marché du travail à un moment où le taux d'activité s'élevait à 30 %, la norme était moins forte. Ce constat peut être directement relié aux conséquences de l'inactivité sur la santé. On peut en effet imaginer que le stigma était beaucoup moins fort sur ces femmes. Le fait de ne pas occuper d'emploi était en effet beaucoup moins critiqué ou mal vu socialement. Le mécanisme pouvant rendre l'inactivité délétère ne s'appliquait pas nécessairement pour ces femmes. Avec la féminisation du marché du travail, la norme d'emploi s'est diffusée et ce stigma lié à l'inactivité professionnelle est devenu de plus en plus fort. Les liens varient en fonction des générations.
Les études montrent que l'inactivité professionnelle reste présente. 20 % des mères de trois enfants ou plus sont en effet dans cette situation entre 25 et 49 an, d'après un recensement réalisé en 2019. L'enquête « Familles et employeurs » et les études sur les modes de garde ont permis à des chercheurs de montrer que, lorsqu'on leur en demandait les raisons, les femmes en inactivité professionnelle répondaient qu'il s'agissait d'un choix fait pour leur famille. Lorsqu'il leur était ensuite demandé de détailler le contexte et les configurations entourant leur sortie du monde du travail, elles indiquaient toutefois que celle-ci était liée à des contraintes, telles que des horaires décalés, ou à l'état du marché du travail. En effet, les sorties coïncident parfois avec un licenciement ou une fin de CDD. L'augmentation de la précarité et des difficultés à trouver un emploi vont favoriser la sortie du marché du travail autour de la maternité, qui constitue alors une échappatoire face à ces contraintes à une insertion pérenne sur le marché, dans des conditions de travail plutôt bonnes. S'y ajoutent des contraintes liées aux modes de garde, puisqu'il peut être difficile de trouver une crèche ou une assistante maternelle. Aujourd'hui, ce sont donc principalement des contraintes qui entourent les sorties du marché du travail. Elles ne sont en outre pas incompatibles avec des affirmations de certaines selon lesquelles elles préféreraient être en inactivité professionnelle pour s'occuper de leurs enfants.
Ainsi, la question du choix est un peu compliquée pour les générations actuelles. Pour les générations antérieures, elle ne se posait pas réellement, puisque le fait de ne pas être en emploi était une norme.