Intervention de Constance Beaufils

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 12 janvier 2023 : 1ère réunion
Table ronde avec des chercheuses de l'institut national d'études démographiques ined

Constance Beaufils, auteure d'une thèse sur L'inactivité professionnelle au cours du parcours de vie : un déterminant social de la santé des femmes aux âges élevés, réalisée à l'Université de Paris-Saclay et à l'Ined :

J'ai identifié des politiques mais elles sont très générales et n'ont rien de révolutionnaire. Parmi les trois marqueurs que j'ai identifiés, je citerai d'abord les carrières avec de la précarité et de l'instabilité, qui sont associées à des risques de santé plus tard pour les femmes. Réduire leur occurrence et faire en sorte qu'il y ait moins de précarité dans les carrières des femmes, en les rendant moins instables et en réduisant les expositions aux risques professionnels, leur fréquence et leur cumul, pourrait ici constituer une solution. Les conséquences de ces expositions sur la santé pourraient également être réduites par des adaptations des postes de travail, par exemple.

Le deuxième marqueur identifié concerne les trappes à inactivité. De nombreuses femmes interrompent leur emploi et ne retournent pas sur le marché du travail, parce qu'elles considèrent qu'il est impossible pour elles de le faire. Certaines ont déjà essayé, mais n'y sont pas parvenues, parce que c'était trop difficile, parce qu'elles n'ont pas été accompagnées. D'autres occupaient des postes avec des compétences techniques spécifiques. Leur poste a évolué, via des logiciels par exemple, et elles se sentent incapables d'y revenir. Je précise bien qu'elles s'en sentent incapables, car il serait possible qu'elles y reviennent si on développait des politiques favorisant les reconversions ou les retours en emploi des femmes qui se sentent bloquées dans leur inactivité professionnelle. Elles sont souvent victimes d'une perte de confiance en elles, liée à leur inactivité. Il serait donc essentiel de jouer sur cet aspect du retour en emploi et de réfléchir à des politiques qui le favoriseraient ou qui feraient que les femmes qui ont interrompu leur emploi puissent ensuite y revenir. Pour ce faire, des dispositifs et des tremplins pourraient être mis en place, ou on pourrait réduire leur perte de confiance et leur sentiment d'incapacité à re-exercer un emploi.

Enfin, le dernier marqueur concerne le fait que, dans certains cas, l'inactivité professionnelle n'est pas un problème. Les femmes disposant de patrimoine, n'étant pas mises en péril économique, peuvent ne pas exercer un emploi. Elles sont ainsi protégées des pénibilités liées à celui-ci. Si leur conjoint touche des revenus importants, cette inactivité ne se répercutera pas sur leur niveau de vie. En revanche, si elles font face à une séparation conjugale ou si leur conjoint subit un accident du travail, l'inactivité professionnelle pourra devenir critique, notamment par ses conséquences économiques. Celles-ci contraindront par exemple les femmes à rester dans l'emploi jusqu'un âge très tardif, car elles ne pourraient pas se permettre de faire autrement au regard du montant de leur retraite. Ici, les solutions sont doubles. D'abord, il est nécessaire d'encourager le maintien dans l'emploi, puisque ces événements de la vie, tels que les séparations, deviennent plus fréquents. Pour que les situations critiques soient plus rares, les femmes doivent pouvoir se maintenir dans l'emploi. Nous pourrions ensuite penser à des dispositifs de filets de sécurité pour éviter au mieux des situations extrêmement critiques d'un point de vue économique.

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