Intervention de Thierry Caquet

Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable — Réunion du 25 janvier 2023 à 9h35
Solutions d'adaptation et de résilience hydrique de notre pays — Audition de Mm. Olivier Thibault directeur de l'eau et de la biodiversité au ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires thierry caquet directeur scientifique environnement de l'inrae et tristan mathieu directeur des affaires publiques du développement durable et de la rse de veolia eau france

Thierry Caquet, directeur scientifique environnement (INRAE) :

Je voudrais approfondir le terme de résilience que vous avez choisi pour la table ronde. Si je me place du point de vue de l'agroécologie, une agriculture résiliente n'est en aucun cas celle d'hier ni même celle d'aujourd'hui. L'agriculture de 2030 sera résiliente au sens où elle continuera à produire, sans viser systématiquement le rendement maximum. L'idée est de chercher le maintien de la production et non pas sa maximalisation. Il s'agit d'un changement profond de visée, qui substitue la sécurisation à la maximalisation.

S'agissant du Varenne de l'eau et de l'adaptation au changement climatique, le levier de l'irrigation et des retenues a bien sûr été évoqué. De nombreuses pistes ont été étudiées, de la génétique animale ou végétale jusqu'à la gestion de l'eau à l'échelle des territoires. Le stockage de l'eau n'est pas le seul levier disponible. Il n'est pas non plus le levier le plus efficient. Dans la Drôme, le prix de l'irrigation a été multiplié par deux entre 2021 et 2022 car le pompage nécessite de l'énergie et que ce coût augmente.

La prochaine loi d'orientation agricole est en cours de préparation. Trois grands groupes de travail ont été mobilisés : un sur la formation ; le deuxième sur la transmission et l'installation ; et le troisième sur l'adaptation au changement climatique. Les travaux du Varenne de l'eau seront réutilisés dans ce cadre. L'appropriation par les acteurs est une des voies de solution.

L'articulation entre le ZAN et la gestion de l'eau est en effet primordiale. Ralentir le cycle de l'eau et favoriser l'infiltration doivent être considérés comme des solutions sans regret. La meilleure eau est celle qui s'est infiltrée car elle est protégée de l'évaporation et des altérations de qualité, à la différence de l'eau stockée en plein air.

Il faut effectivement éviter le drainage des prairies pour préserver l'eau, mais aussi pour participer à l'atténuation du changement climatique. Les prairies peuvent être des stocks de carbone. Quant aux barrages réservoirs, ceux-ci ont été installés dans les années 1960 : la situation hydrologique n'est plus et ne sera plus la même.

L'Espagne est souvent citée dans les comparaisons internationales. La démarche de ce pays a été axée sur un pilotage par la demande, et non pas par l'offre. Or, nous nous trouvons aujourd'hui dans une situation où l'offre va drastiquement se réduire, au moins localement. Par ailleurs, un bon nombre d'ouvrages hydrauliques en Espagne sont difficilement remplis puisque l'eau manque une, voire deux années sur trois. Le modèle espagnol n'est donc pas un modèle durable pour le long terme.

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