C'est en 2013 que nous avons lancé la French Tech, à la suite de la mini-révolte dite « des pigeons », qui a connu une large couverture médiatique. À l'évidence, nous étions face à un mouvement profond, qui n'était autre que la naissance de cet écosystème.
Nous avons déployé une communication résolument optimiste et cela a marché : la French Tech est maintenant connue dans le monde entier et représente 21 000 start-up. À l'époque, elle levait à peu près 1 milliard d'euros ; en 2022, elle en a levé 14. À l'époque, il y avait une licorne, Criteo ; maintenant, il y en a trente. Beaucoup d'entreprises de taille intermédiaire de la Tech, ou ETI Tech, sont apparues, et le mouvement va se poursuivre.
Nous entamons une nouvelle étape de la French Tech, avec de gros volumes de capitaux pour des entreprises qui ont beaucoup grandi. Il faut qu'elles soient cotées à Paris, sur Euronext. Elles doivent être accompagnées par des investisseurs patients, dits cornerstone, restant longtemps au capital, le cas échéant au board, et tenant la valorisation. Sinon nous nous exposons à un échec collectif : si le marché ne reconnaît pas la valeur de ces sociétés, le cours de bourse dévissera et les autres start-up, estimant qu'il n'y a pas de marché à Paris, iront toutes se coter au Nasdaq, ce qui serait un drame. Nous sommes donc très actifs en la matière.
Pour développer l'exportation - je le répète -, il faut commencer par réindustrialiser. Ensuite, dans les territoires, chacun doit comprendre que c'est un devoir quasi patriotique d'exporter ; c'est compliqué, mais nécessaire. Le déficit commercial, ce sont littéralement des fonds propres français qui partent à l'étranger. Or le patrimoine français n'est pas illimité : actuellement, il fond de 150 milliards d'euros par an et il faudra du temps pour le reconstituer. Cette cause nationale exige un effort de communication et une véritable mobilisation. Pour soutenir l'export, nous disposons en outre d'un très vieil outil, qui fonctionne bien : l'assurance prospection. Il ne faut surtout pas le sacrifier budgétairement.
Comment rester un bastion de l'optimisme dans les temps difficiles que nous connaissons ? Je suis tenté de répondre : en ne changeant pas. D'ailleurs, si l'économie française résiste plutôt bien en 2023, c'est parce que la culture du « tout est possible » s'est bien diffusée parmi les entrepreneurs.