Je partage entièrement les propos de Pierre Laurent, ainsi que l'agacement de Gilbert Roger face à la langue de bois. Monsieur l'ambassadeur, c'est la deuxième fois que je vous entends dire que la France de François Hollande a financé des terroristes. Arrêtez de dire cela : c'est vous qui qualifiez ainsi ces personnes ! On ne peut pas vous laisser dire tout et n'importe quoi devant la commission des affaires étrangères.
Pouvez-vous nous dire s'il y aura une intervention en Syrie ? Cela pourrait jouer sur l'opinion publique en Turquie, compte tenu des enjeux des élections et de politique interne. De même, c'est pour des raisons de politique interne que vous utilisez systématiquement le terme de « terroriste ».
Pierre Laurent a parlé des maires démis de leurs fonctions à chaque élection, alors qu'ils sont pourtant réélus. Pour l'Europe, c'est le signe d'une démocratie qui fonctionne mal. En 2019, j'étais à Istanbul au moment de l'élection municipale avec Ladislas Poniatowski, en compagnie duquel je rédigeais un rapport sur la Turquie. Notre conclusion était que vous tirez toujours sur la ficelle jusqu'à ce qu'elle casse, pour dire que ce n'est pas de votre faute...
L'inculpation et la condamnation du maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu - il a fait appel de son jugement -, potentiel candidat de l'opposition face au président actuel, semblent pour le moins compliquées dans le cadre du fonctionnement d'une démocratie. Il aurait traité d'imbéciles les responsables ayant invalidé sa première élection en 2019. Cela ne correspond pas à notre conception de la liberté d'expression...
Que répondez-vous au communiqué de la diplomatie française, qui indique avoir appris avec une profonde inquiétude la condamnation du maire d'Istanbul à une lourde peine de prison et surtout d'exclusion de la vie politique ? Ce communiqué rappelle l'attachement de la France à la liberté d'opinion et d'expression, ainsi que l'importance du respect des règles d'état de droit en démocratie, et réitère l'appel à la Turquie formulé par le Conseil de l'Union européenne, dans ses conclusions sur l'élargissement le 13 décembre dernier, à inverser de toute urgence les tendances négatives en matière d'état de droit, de démocratie, et de respect des droits fondamentaux.
Qu'avez-vous à répondre à ce communiqué de la diplomatie française, reprenant un propos de l'Union européenne ? Vous travestissez un peu la réalité au sujet des problèmes soulevés par votre adhésion à l'Europe : là encore, rien ne serait de votre faute. J'aime beaucoup la Turquie ; votre position géographique, et au sein de l'Europe et de l'OTAN, est stratégique. Vous êtes un allié important. Mais, au-delà des discours et de la langue de bois, pouvons-nous tout accepter au nom de l'amitié ? Je ne souhaite pas être désagréable, mais un politique ne parle pas comme un diplomate. Vous êtes un excellent diplomate et un maillon essentiel pour le gouvernement turc, mais en tant que politiques, nous pouvons vous dire entre amis ce que l'on pense.