Intervention de Joëlle Garriaud-Maylam

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 11 janvier 2023 à 9h30
Audition de M. Ali Onaner ambassadeur de turquie en france

Photo de Joëlle Garriaud-MaylamJoëlle Garriaud-Maylam :

Je suis une amie de la Turquie depuis la fin des années 1970, mais je suis très déçue. Je me suis battue pour l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, parce que je pensais qu'il s'agissait d'un moyen pour arrimer ce pays dont nous sommes proches à un environnement favorable aux droits de l'homme et au progrès pour les femmes. J'étais rapporteur du projet de loi autorisant la ratification de la convention d'Istanbul pour le Sénat en 2014. J'ai fait des conférences à la fondation Marmara d'Istanbul devant les présidents des pays voisins de la Turquie sur la condition des femmes. J'étais pleine d'espoir, j'avais l'impression qu'un mouvement en faveur des femmes se dessinait. Mais le résultat, c'est que la Turquie, en quittant la convention d'Istanbul, envoie un signal épouvantable. Il en va de la responsabilité de la Turquie de donner une meilleure image de la situation des femmes. De nombreuses amies turques m'ont parlé de la dégradation de leurs conditions de vie et de travail.

Sur l'OTAN, vous devez sortir de l'ambiguïté ; allez de l'avant pour nous aider à vous défendre ! Jusqu'au dernier moment, les adhésions de la Suède et de la Finlande ont été l'objet d'hésitations de la Turquie. Le doute a été levé au tout début du sommet de Madrid, où, invitée en tant que vice-présidente de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN, j'ai pu féliciter le président Erdogan et son ministre des affaires étrangères pour ce geste allant dans le bon sens. Mais nous retrouvons à nouveau des doutes et des ambiguïtés ! Certes, il reste la Hongrie, mais elle va ratifier l'accord le mois prochain. Allez de l'avant, et ne regrettez pas de ne pas avoir été invités à la réunion de l'Union européenne sur les sanctions contre la Russie ! De nombreux autres pays non membres de l'Union européenne ont pris acte des décisions de l'Union et les ont soutenues. Nous aurions beaucoup aimé que la Turquie en fasse autant...

La Turquie est extrêmement respectée au sein de l'OTAN. Vous disposez d'une délégation remarquable dans l'assemblée parlementaire de l'OTAN, très présente et très active, avec laquelle nous travaillons de concert. Ce décalage avec la Turquie est très dommageable. Nous avons besoin et envie de travailler avec la Turquie dans un grand ensemble, pour le progrès. S'il vous plaît, aidez-nous.

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