Intervention de Christian Cambon

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 11 janvier 2023 à 9h30
Audition de M. Ali Onaner ambassadeur de turquie en france

Photo de Christian CambonChristian Cambon, président :

Monsieur l'ambassadeur, nous vous remercions de cette audition, qui a témoigné de l'amitié de notre pays pour la Turquie. Les questions étaient inspirées par nos sentiments vis-à-vis d'éléments envers lesquelles nous sommes très sensibles, tant en matière de respect du droit des femmes que de démocratie.

Je souhaiterais que ces questions parviennent au gouvernement turc, pour qu'il comprenne que certaines prises de position et certaines attitudes peuvent nous interroger, et nuisent au rétablissement d'une bonne relation. Vous avez évoqué une période où les chefs de gouvernement s'échangeaient des noms d'oiseaux. Tout ceci est heureusement terminé, mais des interrogations sur les droits fondamentaux demeurent.

La Turquie peut jouer le rôle d'une grande puissance régionale et calmer certains conflits. Nous vous avons interrogé sur le corridor de Latchine, car la situation y est excessivement tendue. Nous espérons pouvoir compter sur la Turquie sur cette question, de même que pour le règlement futur du conflit entre l'Ukraine et la Russie. C'est parce que nous donnons beaucoup d'importance au rôle de la Turquie et à la relation que nous entretenons avec elle que cette audition, que j'ai volontairement prolongée - ce qui est tout à fait exceptionnel -, a pu parfois paraître polémique. Nous avons souhaité aller au fond des choses, vous avez eu la courtoisie de nous répondre, et je tiens à vous remercier.

Une fois de plus, la diplomatie parlementaire prouve son importance : elle permet à chacun de s'exprimer. Nous serions très heureux de rencontrer plus souvent les parlementaires turcs. Mme Garriaud-Maylam a dit les bonnes relations que nous entretenons au sein de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN. Je vous encourage à indiquer à vos collègues qu'ils peuvent venir nous rencontrer. Je vous remercie encore une fois d'avoir accepté cette longue audition et sa règle de jeu initial, selon laquelle les questions ne seraient pas lénifiantes.

Je souligne notre tristesse devant la manière dont des opposants, qui ne sont ni des terroristes ni des gülenistes, sont traités au prétexte que leurs vues sont différentes de celles du président Erdogan. Il y aura des élections, souhaitons qu'il y ait toujours des opposants. Notre message est là : le respect que nous portons à la Turquie et notre longue histoire de coopération nécessitent que ces valeurs démocratiques soient respectées, alors même que vous êtes en négociation avec l'Europe. Il faut que les intérêts convergent. Souhaitons que ce dialogue continue, même s'il est tonique, parfois compliqué et difficile. Des points positifs existent : j'ai mentionné votre action concernant les réfugiés, qui n'est pas une mince affaire. Des points de divergence ont été identifiés ; espérons que nous pourrons nous rapprocher, et que la France et la Turquie pourront marcher main dans la main pour la paix dans cette partie du monde.

La négociation et le dialogue sont toujours au coeur des sujets. Concernant les recherches gazières autour de Chypre, lorsque l'on voit qu'Israël et le Liban ont réussi à se mettre d'accord au bout de quarante ans, on comprend qu'il y a toujours des solutions aux conflits.

Je n'oublie pas non plus les intérêts français en Turquie, que vous avez mentionnés. Faisons en sorte que le dialogue se poursuive, et que le Gouvernement turc comprenne le sens de nos interrogations. Il peut y avoir de mauvaises informations. Le PKK est identifié comme une organisation terroriste, mais la Turquie ne peut pas systématiquement évoquer le PKK comme résolution de tous ses problèmes.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion