Intervention de Éliane Assassi

Réunion du 2 mars 2023 à 14h30
Loi de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2023 — Exception d'irrecevabilité

Photo de Éliane AssassiÉliane Assassi :

Monsieur le président, messieurs les ministres, mes chers collègues, « tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de sa situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler, a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence ».

La lecture de la deuxième phrase du onzième alinéa du préambule de la Constitution de 1946 sonne, pour nous tous, à l’heure de légiférer sur une énième réforme de réduction du droit à une retraite digne, comme un rappel aux valeurs fondamentales de notre République, issues de notre histoire.

Le préambule de 1946 fait partie intégrante de notre bloc de constitutionnalité, avec la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, ainsi que, bien entendu, la Constitution de 1958.

Il reprend de nombreux points du programme du Conseil national de la Résistance, qui a permis la naissance de la sécurité sociale et, sous la direction du ministre communiste Ambroise Croizat, la création du régime de retraite par répartition, qui a cours encore aujourd’hui, malgré les coups de boutoir des partisans dogmatiques de la loi du marché.

Cette réforme des retraites, ou plutôt cette destruction programmée de la solidarité que porte la répartition qu’Emmanuel Macron et son gouvernement tentent d’imposer à notre peuple, est profondément injuste.

Elle est injuste moralement.

Alors que, sur fond d’inflation galopante, nos concitoyens se remettent à peine d’une crise sanitaire violente ; alors que notre peuple plonge progressivement dans la précarité, que ce soit dans le travail ou dans la vie quotidienne, du logement à l’accès aux soins ; alors que les uns et les autres sont frappés d’horreur par la guerre qui tue à nos portes, vous ne trouvez rien de mieux, messieurs les ministres, mesdames, messieurs les parlementaires des majorités présidentielle et sénatoriale, que de demander à nos concitoyens de travailler plus longtemps.

Quelle violence !

Quelle violence faite à ces salariés, souvent usés – et pas seulement du fait de métiers jugés pénibles –, qui devront travailler plus, y compris après des carrières bien longues !

Quelle violence faite aux femmes, qui, du fait de leur parcours professionnel heurté ou d’une plus grande exposition au chômage partiel, devront travailler plus longtemps !

À cet égard, je dénonce d’emblée les propositions, que je juge insultantes pour toutes les femmes de ce pays, qui émanent du président Retailleau et du groupe Les Républicains.

Sous prétexte de vous préoccuper de la cause des femmes, vous les enfermez, à quelques jours du 8 mars, la Journée internationale des femmes, dans un rôle de mères et au sein de grandes familles si possible, en instaurant une prime à la maternité.

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