Préoccupez-vous plutôt d’instaurer l’égalité salariale entre les deux sexes : on dégagera ainsi 6 milliards d’euros supplémentaires de cotisations sociales, qui permettront d’éviter tout nouveau déficit à l’avenir.
Quelle violence pour les jeunes – lycéens, étudiants et jeunes travailleurs –, qui aujourd’hui se sentent, à juste titre, condamnés à travailler jusqu’à un âge avancé !
Nombre d’entre eux estiment même qu’ils n’auront jamais de retraite. Il est de bon ton de se moquer de ces jeunes qu’inquiète la perspective de leur vieillesse. Mais mesurez-vous leur angoisse face à la précarité, à la guerre et au fait que notre planète s’abîme à un rythme fou ?
Face à l’état de notre société et du monde, votre projet, messieurs les ministres, relève de la provocation. Il n’a pas de justification financière, comme le Conseil d’orientation des retraites nous l’a démontré. Vous n’explorez aucun financement alternatif. Ce n’est pas étonnant, d’ailleurs : ce serait désagréable pour le patronat et les plus riches, et vous êtes dans votre monde, dans votre bulle, celle des comptables de Bruxelles et de Bercy !
Aujourd’hui, l’inquiétude populaire se transforme en colère. Des millions de nos concitoyennes et de nos concitoyens sont descendus dans les rues des petites, moyennes et grandes villes. L’unité syndicale vous a surpris. Elle est solide, elle tient et elle construit méthodiquement la levée de boucliers du 7 mars et des jours qui suivront.
Tous les actifs, ou presque, retoquent votre réforme. Une majorité des électeurs LR et centristes s’y opposent ; vous devriez l’entendre, monsieur le président du Sénat, monsieur Retailleau, monsieur Marseille ! Non, l’opinion publique ne recule pas : elle exige le retrait de ce projet. Mais plutôt que de vous rendre à la raison, comme l’ont fait certains de vos prédécesseurs, vous vous entêtez !
Or s’entêter, c’est mettre en danger la cohésion sociale, c’est fracturer et c’est jeter le trouble. Les seuls responsables de la situation actuelle, du blocage annoncé, sont le Gouvernement et M. Macron. Et ce sera peut-être vous demain, mesdames, messieurs les membres de la majorité sénatoriale.
J’évoquais au début de mon intervention le préambule de la Constitution de 1946. Toute la première partie de mon propos le confirme : vous violez la Constitution et faites planer une menace à l’encontre de l’existence même du régime de retraite en prônant la capitalisation, contraire à l’idée fondamentale selon laquelle c’est la Nation qui assure les retraites, et non les marchés financiers.