Lorsque nous balayons autant de sujets européens dans une résolution, il est évidemment difficile de trouver un consensus sur chacun d'entre eux. Je m'en suis ouvert à notre Président Jean-François Rapin sur deux sujets pour lesquels je n'amende pas le texte mais j'émets des réserves. Le premier concerne la stratégie « De la Ferme à la Fourchette » : il me paraît important de la rappeler comme un élément positif au regard de la réduction des pesticides et des engrais d'ici 2050 ou de la mise en adéquation du secteur agricole avec les objectifs de diminution des gaz à effet de serre.
Il est certain que le contexte du conflit en Ukraine et de la crise énergétique qui en a résulté ont eu un impact sur les questions de sécurité alimentaire mondiale. Néanmoins, l'Union européenne a réagi avec un plan d'urgence visant à garantir la sécurité alimentaire en novembre 2021, autorisant un certain nombre de dérogations sur les règles environnementales de la PAC. Il n'y a plus, par exemple, d'obligation de rotation des cultures pour l'année 2023 et la mise en culture des jachères est tolérée. Lorsque nous voyons l'impact de l'agriculture sur notre santé, avec le développement de l'obésité ou de maladies diverses, il est du devoir de l'Union européenne d'avoir un discours fort et ambitieux sur le sujet. Une demande de réorientation de la stratégie agricole européenne ne me semble pas totalement pertinente car nous ne disposons que de très peu de visibilité sur l'avenir des crises et cette stratégie est issue d'un long travail de concertation au niveau européen. Il nous faut trouver des équilibres entre le maintien d'une politique agricole volontariste et la lutte contre le dérèglement climatique et les défis environnementaux.
Le second sujet que je veux évoquer est celui du financement du fonds européen de souveraineté. Il y a eu un accord total entre nous sur la nécessité de développer les ressources propres et d'en chercher de nouvelles. C'est le premier élément nécessaire et indispensable au financement de la transition écologique et numérique, mais aussi de la souveraineté européenne. Néanmoins, il ne faut pas selon moi écarter la possibilité d'un emprunt, dès lors qu'il s'agit d'un emprunt mutualisé tel que celui mis en place pour financer la politique de relance post-Covid et que l'Union européenne est en capacité de le rembourser.