La dernière fois que nous avons été auditionnés au Sénat, c'était dans le cadre de la loi de refondation de l'école. Nous avions manifesté notre intérêt pour certains axes de la réforme, comme la formation initiale des maîtres et la réorganisation des rythmes scolaires et d'apprentissage. Nous nous interrogions toutefois sur les modalités de mise en oeuvre. Notre position n'a pas évolué. L'enseignement catholique respecte les orientations des politiques publiques, même si nous regrettons d'avoir été oubliés pour leur mise en oeuvre. Quant au financement de la formation, il soulève des problèmes qui seront, je l'espère, résolus. La création du fonds d'amorçage avait constitué le signal d'un financement à parité. Or, sur le terrain, pour l'enseignement catholique, il n'y a pas de suites.
Le 17 janvier dernier, nous avons organisé une journée nationale de travail sur la réforme des rythmes scolaires, réunissant des responsables départementaux diocésains, des chefs d'établissement, les parents, les enseignants, les représentants des paroisses.... Nous estimons que cette question dépasse le cadre de l'école, elle concerne aussi l'organisation du temps collectif et du temps social. Les rythmes scolaires, les rythmes des familles et de la société vont de pair. En outre, il est impossible de réformer les rythmes scolaires en se limitant au premier degré. Il faut étendre la réforme aux collèges et aux lycées. Notre spécificité, qui est de regrouper sur un même site l'école, le collège et le lycée nous rend sensibles à ce sujet.
Le débat se résume-t-il à l'alternative d'une semaine de quatre jours ou de quatre jours et demi ? Non. Il faut penser aussi les rythmes annuels et tenir compte des rythmes vécus par les enfants. Au-delà des modalités techniques, il convient surtout de construire un projet éducatif, qui est l'objectif premier. Le débat s'est cristallisé autour des activités périscolaires. C'est une déformation spectaculaire par rapport aux intentions du législateur qui voulait, avant tout, faciliter les apprentissages par tous les enfants, y compris les plus démunis et les plus fragiles. Tout se passe comme si l'objectif premier avait été relégué derrière la question des activités. Or, c'est parce que nous soutenions son objectif que nous avions jugé cette réforme intéressante. Dès février 2013, notre commission permanente s'y était déclarée favorable, tout en exprimant le souhait de voir lancer une réflexion sur l'année scolaire et les programmes. Parce que cette réforme est conforme à l'intérêt des enfants, nous la soutenons, mais non de manière inconditionnelle. Nous regrettons le modus operandi : la réforme des rythmes scolaires a été conduite avant celle des programmes. L'articulation entre rythmes et programmes doit être approfondie.
À vouloir mettre en oeuvre la réforme au même rythme partout, on risque d'accroître les disparités. L'intérêt des enfants de maternelle est-il le même que celui des plus grands ? Un autre problème, que l'enseignement catholique ne peut pas taire, porte sur les répercussions financières pour les établissements...
L'enseignement catholique est marqué par l'autonomie des établissements. Il ne m'appartient pas de donner des consignes nationales. Je ne peux qu'inciter les communautés éducatives à s'emparer de la réforme, se l'approprier pour la mettre en oeuvre chacune à son rythme. Cette appropriation est la clef du succès.