Intervention de Guillaume Choisy

Mission d'information Gestion de l'eau — Réunion du 28 février 2023 à 14h30
Audition des agences de l'eau

Guillaume Choisy, directeur général de l'Agence de l'eau Adour-Garonne :

Comme André Flajolet, je pense que l'organisation de la gestion de l'eau par bassins hydrographiques constitue un bel outil. Cette organisation est reconnue tant en France qu'à l'international.

L'Agence Adour-Garonne coordonne les politiques internationales des agences de l'eau. Pour rappel, la loi Oudin-Santini de 2005 autorise les agences de l'eau à consacrer jusqu'à 1 % de leurs recettes à des actions de solidarité internationale.

L'organisation de la gestion de l'eau par bassins, que nous avons été les premiers à mettre en oeuvre, a été reprise par 77 pays d'Europe, d'Amérique latine, d'Asie, ou encore d'Afrique, avec des modes d'organisation parfois différents. En particulier, les bassins transfrontaliers, que nous retrouvons par exemple au Sénégal, demandent une organisation plus complexe et peuvent constituer un facteur de paix.

Cette forme d'organisation nous permet de progresser, sans toutefois nous permettre d'atteindre un ratio de 100 % de masses d'eau en bon état écologique. Notre SDAGE vise 70 % de masses d'eau en bon état écologique en 2027.

Pour autant, nous ambitionnons de supprimer l'intégralité des rejets industriels et des rejets d'assainissement. Dans ce cadre, nous comptons mettre aux normes environ 500 stations d'épuration situées essentiellement en milieu rural, pour limiter les rejets polluants dans les milieux.

Cette opération aura un coût relativement important. Elle pourra être réalisée grâce au principe de la solidarité des territoires urbains et ruraux, porté par notre système d'agences de l'eau. Ainsi, à Toulouse, pour 100 euros prélevés, 13 euros sont dépensés pour la collectivité, tandis que dans les territoires les plus ruraux, situés en Dordogne ou encore dans le Cantal, pour 100 euros prélevés, 200 euros sont dépensés localement.

Sans ce système de solidarité et sans cette forme de gouvernance, nous ne pourrions pas maintenir un prix de l'eau moyen de 4,3 euros par mètre cube, eau et assainissement compris, un prix relativement bas par rapport à celui d'autres pays européens.

Par ailleurs, nous avons diminué les prélèvements d'environ un tiers sur les vingt dernières années, y compris dans l'irrigation agricole. En 2003, une année de canicule particulièrement sèche dans le Sud-Ouest, nous avions prélevé 2,7 milliards de mètres cubes d'eau. En 2019, une année également très sèche, nous n'en avons prélevé que 1,9 milliard. La diminution de nos prélèvements a été obtenue grâce à la police de l'eau sur l'irrigation agricole, mais aussi grâce à des améliorations de performances.

Pour limiter les fuites d'eau, les collectivités doivent aussi oeuvrer au renouvellement des réseaux, dont la durée de vie dépasse les 100 ans. Or 13 milliards d'euros seraient nécessaires pour financer 1 % de ce renouvellement dans l'ensemble de la France. Il importe donc d'amortir le financement de ce renouvellement, notamment via l'intéressant dispositif d'aquaprêts instauré après les Assises de l'eau.

Pour réduire les fuites d'eau, il existe aussi une solution moins chère à mettre en oeuvre et efficace, qui consiste à améliorer la performance de la gestion des débits. En effet, les débits trop forts accentuent les fuites, notamment en montagne, ou dans les zones au relief accidenté. Avec ce procédé, nous avons pu diminuer de 7 % les fuites à Toulouse et de 20 % dans les hauts plateaux de Corrèze.

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