Intervention de Christophe Poupard

Mission d'information Gestion de l'eau — Réunion du 28 février 2023 à 14h30
Audition des agences de l'eau

Christophe Poupard, directeur de la connaissance et de la planification de l'Agence de l'eau Seine-Normandie :

Tout d'abord, je vous prie d'excuser l'absence de Nicolas Juillet, président de notre comité de bassin, et celle de Sandrine Rocard, notre directrice générale.

Le bassin Seine-Normandie concentre 30 % de la population de notre pays et 39 % de son PIB. L'agriculture couvre 60 % de sa surface et est extrêmement productive.

Notre manière de gérer le cycle de l'eau dans notre bassin dépend des sols rencontrés par les eaux pluviales. En rencontrant un sol imperméable, ces eaux peuvent ruisseler directement vers les rivières et provoquer potentiellement des inondations. En rencontrant un sol chargé en polluants, ces eaux souilleront les nappes phréatiques ou les cours d'eau. En rencontrant un sol meuble et aéré, ces eaux s'enfonceront dans les nappes souterraines.

Nous faisons face à de multiples pressions d'origine anthropiques dans notre bassin, qui accueille la plus grande agglomération d'Europe. Nous y constatons aussi une forte évapotranspiration, qui est d'ailleurs beaucoup plus forte que dans le bassin Rhône-Méditerranée-Corse. En effet, 70 % de l'eau qui rejoint le sol de notre bassin s'évapore. Le bassin est en effet très plat et l'eau y coule très lentement.

Si nous ne disposons pas de montagne, des nappes d'eau souterraines importantes permettent de stocker notre eau « au frais ». Ce dernier point est important. En effet, la température moyenne de la Seine en été a augmenté de deux degrés dans les cinquante dernières années. Cette augmentation de température est plus rapide que celle de l'atmosphère. Elle a de forts impacts sur la biodiversité. Différents poissons, dont des poissons migrateurs, peinent à atteindre leurs frayères, en raison de perturbations de leurs cycles physiologiques. Le réchauffement de l'eau pose aussi des difficultés dans le refroidissement de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine, ou encore pour les réseaux de froid de la région parisienne. Plus l'eau sera chaude, moins elle sera apte à servir pour des usages de refroidissement. Une eau plus chaude est aussi plus difficile à rejeter, au regard des règles de protection de la biodiversité.

L'eau des nappes souterraines permet de réalimenter les cours d'eau. En été, 40 % du débit de l'eau de l'estuaire de la Seine est passé par des nappes d'eau souterraines.

Dans le cadre de notre SDAGE, nous visons une restauration du bon état écologique de nos masses d'eau de surface et du bon état chimique de nos masses d'eau souterraines. Aujourd'hui, 32 % de nos eaux de surface se trouvent en bon état écologique. Ce ratio n'est pas si mauvais au regard du portrait que j'ai dressé de notre bassin, mais pourrait certainement être meilleur. Lorsque nous avons bâti notre SDAGE, nous avons estimé que seulement 18 % de nos masses d'eau seraient en bon état écologique sans les actions volontaristes de l'agence de l'eau. Ainsi, nous essayons d'accélérer sur un tapis roulant qui recule.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion