Intervention de André Flajolet

Mission d'information Gestion de l'eau — Réunion du 28 février 2023 à 14h30
Audition des agences de l'eau

André Flajolet, président du Comité de bassin de l'Agence de l'eau Artois-Picardie :

Votre question est cruciale, car elle anticipe une potentielle généralisation des conflits. Des moyens juridiques et techniques devraient nous permettre de gérer en bons pères de famille la ressource en eau qui se fragilise et se raréfie. Si les SAGE ne sont pas opérationnels, l'État doit reprendre la main par l'intermédiaire des sous-préfets ou des préfets coordonnateurs de bassin, pour fixer des règles précises. Aujourd'hui, il ne le fait pas.

Dans notre bassin Artois-Picardie, nous disposons de quinze SAGE, dont certains n'existent que sur le papier, sans réalisations significatives. Dès qu'une question capitale se pose, les acteurs disposant des pouvoirs régaliens ne prennent pas leurs responsabilités, peut-être par crainte d'être mal perçus.

Aucune solution n'est universelle. Toutes les situations sont particulières et leurs spécificités évoluent. Il faut bien tenir compte de ce point. Ainsi, dans le bassin Artois-Picardie, nous disposons de beaucoup d'eau dans le Valenciennois et l'Avesnois, tandis que l'eau est rare à Dunkerque. Il existe une « autoroute invisible » de 70 kilomètres qui permet d'alimenter Dunkerque en eau. Lorsque nous parlons de différentiels de redevances dans les territoires urbains et ruraux, nous ne devons pas oublier que l'eau des villes provient des campagnes. À qui impose-t-on des contraintes pour sauvegarder le patrimoine de l'eau, si ce n'est aux agriculteurs ? À force de raisonner en silos, nous oublions d'appréhender le sujet dans sa globalité.

La région des Hauts-de-France est la première région exportatrice de produits agricoles bruts, mais aussi la deuxième région importatrice de produits agricoles transformés. Le déficit de la balance commerciale de cette région atteint environ 700 millions d'euros, d'après l'Agence de l'environnement et de la maitrise de l'énergie (ADEME). Ainsi, la charge de l'eau et de l'énergie se trouve dans notre région, tandis que le bénéfice de cette charge se trouve ailleurs. Quelles sont nos compensations ?

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