Intervention de Guillaume Choisy

Mission d'information Gestion de l'eau — Réunion du 28 février 2023 à 14h30
Audition des agences de l'eau

Guillaume Choisy, directeur général de l'Agence de l'eau Adour-Garonne :

Dans le Sud-Ouest, nous avons conduit différentes politiques d'accompagnement des agriculteurs. L'agriculture de notre bassin ne repose plus sur l'irrigation gravitaire. L'essentiel de notre arboriculture utilise des systèmes de goutte-à-goutte. Nous expérimentons cette année ce système en grandes cultures. Il est notamment répandu dans le Tarn-et-Garonne et dans le Lot. Mais on peut devoir maintenir des techniques d'aspersion pour protéger les plantes contre les gelées tardives d'avril et de mai, le goutte-à-goutte étant inadapté. Or l'aspersion est plus consommatrice d'eau et freine le rechargement des nappes avant l'été. Notre retour d'expérience (RETEX) cette année a montré que l'irrigation par canons en plein été n'est plus acceptée. D'ailleurs, nous ne voyons plus cette pratique le long de nos autoroutes. Les préfets ont bien compris les enjeux.

Les arrêtés préfectoraux de restriction d'eau contiennent majoritairement des interdictions d'irrigation certains jours de la semaine - par exemple, on enlève une journée ou deux sur sept - alors qu'ils pourraient concerner seulement certaines heures de la journée. En effet, l'évapotranspiration est bien moindre la nuit qu'en journée. L'arrosage nocturne peut tout à fait être programmé électroniquement.

Nous avons signé une convention avec l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE) qui nous conduit à réaliser des expérimentations de réutilisation des eaux usées traitées, dans le cadre du réseau REUSE. Il nous faut également mieux anticiper nos usages. L'eau peut avoir plusieurs usages. Elle peut servir d'abord à la production d'hydroélectricité, puis à l'alimentation des zones humides, avant d'être intégrée au réseau d'eau potable, et enfin d'être employée dans l'agriculture. L'avenir sera de donner plusieurs usages à l'eau ! De cette manière, nous pouvons sécuriser les productions. Néanmoins, en matière de réutilisation, la France est en retard par rapport à d'autres pays européens, même si des décrets sont en cours de publication, notamment dans le cadre de la transposition de textes européens. De plus, le coût de cette pratique s'avère important. Une première étude montre que 700 000 euros sont nécessaires pour obtenir 2,6 millions de mètres cubes d'eau par ce biais. Si la réutilisation de l'eau employée dans la géothermie ne pose pas de difficultés, il existe de nombreux garde-fous qui freinent la réutilisation de l'eau sortie des stations d'épuration. Nous devons donc accélérer la mise en oeuvre de cette nouvelle forme d'usage de l'eau.

Il faut noter que les exploitations qui s'étaient tournées vers l'agroécologie ont parfois été celles qui ont le plus souffert cet été dans notre bassin. Par exemple, la culture du sorgho, céréale peu gourmande en eau, a été la plus pénalisée par les restrictions d'eau. Ces restrictions se sont appliquées durant la période où cette plante avait le plus besoin d'être irriguée. Cette plante a en effet moins besoin d'eau, mais elle en a besoin plus tardivement dans la saison, au moment où les arrêtés de restriction étaient mis en place. Il faut prendre en compte ces spécificités pour encourager les agriculteurs à se diriger vers des cultures agroécologiques.

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