La poursuite de ces pratiques dépend fondamentalement de la disponibilité de la ressource. J'évoquais tout à l'heure le fait que nous ne pouvons pas faire pousser toutes cultures en tous lieux.
Les PTGE nous aident à partager l'eau en cas de fortes tensions, en définissant des règles de priorité d'accès et des solutions alternatives. Ces solutions pourraient d'abord se trouver dans la sobriété, puis dans les solutions fondées sur la nature, la réutilisation des eaux usées et enfin, le stockage. Le stockage ne doit être mobilisé qu'en dernier lieu.
Cependant, le cas du maïs irrigué que vous évoquez est spécifique. En effet, la ressource en eau n'est pas déficitaire sur le bassin du Rhône. Le débit estival moyen du Rhône est actuellement de 600 à 700 mètres cubes d'eau par seconde. Ce débit ferait sans doute rêver mes collègues, car il est bien plus élevé que le débit d'étiage de la Garonne, de la Loire, ou de la Seine. Ainsi, le débit d'étiage de la Garonne n'est que de 35 mètres cubes d'eau par seconde.
Le Rhône continuera de bénéficier d'un débit élevé sur le long terme. La dernière étude sur l'évolution de l'hydrologie du Rhône et le changement climatique montre que les débits estivaux du fleuve ont baissé de 15 % depuis 1972. À l'horizon de 2050, nous attendons une baisse de ces débits de l'ordre de 20 à 30 %. Ces baisses sont sensibles, mais le débit du fleuve restera relativement élevé. Les mesures à prendre au sujet du Rhône s'inscrivent donc plutôt dans un moyen terme. Il existe des territoires où les pressions sur la ressource en eau sont très fortes, comme les bassins côtiers languedociens ou provençaux, la Drôme, ou encore l'Ardèche. Pour ces territoires, la question de l'eau est prégnante dans l'immédiat. Ces territoires ont construit des PTGE. En revanche, la question rhodanienne doit être anticipée, mais ses enjeux sont moins immédiats.