Notre bassin est le seul à avoir développé un modèle économique étoffé de soutien d'étiage qui comprenne aussi un volet sur le fonctionnement. Cet aspect pose des difficultés, y compris juridiques, car les autres agences de l'eau apportent seulement leurs concours dans les investissements liés au soutien d'étiage. Je pense que l'intervention des agences de l'eau dans le fonctionnement des retenues d'eau est assez rare.
Nous collaborons avec les EPTB, avec les producteurs d'énergie, à savoir EDF et la société hydroélectrique du Midi (SHEM), pour construire un modèle qui ne se fonde pas sur un achat d'eau, mais sur un soutien des usages de l'eau de notre territoire. Cette évolution s'inscrit dans la suite du rapport Le Coz produit par le ministère de la Transition écologique et consacré au bassin Adour-Garonne.
Ce rapport a mis en évidence la nécessité de doubler le soutien d'étiage dans les grands axes du bassin, malgré une répartition assez inéquitable des retenues d'eau hydroélectriques. La Garonne comprend assez peu d'installations hydroélectriques, celles-ci se concentrant notamment en Dordogne. Le bassin Adour-Garonne n'est d'ailleurs pas le bassin qui comprend le plus de retenues hydroélectriques.
Il existe aussi des retenues intermédiaires, qui ne produisent pas d'électricité. Ces retenues d'eau sont historiquement gérées par des départements, des collectivités locales, ou des EPTB. Dans ce cas, le modèle économique du soutien d'étiage est plus facile à mettre en oeuvre.
Nous réfléchissons à la question du soutien d'étiage avec notre ministère de tutelle et avec l'État, dans une perspective de sécurisation des usages. Les étiages vont nécessairement évoluer. Les débits des rivières ne permettront pas d'absorber les effets du changement climatique. La Garonne ou la Charente perdent 50 % de leurs débits. Sur la Charente, nous disposons d'une capacité de stockage de 30 millions de mètres cubes d'eau, que nous peinons à remplir. Cette année, nos réservoirs sont remplis aux alentours de 30 %. Ils pourraient se remplir à 40 % si le printemps s'avérait pluvieux. Même si nos capacités de stockage triplaient, il nous resterait à les remplir.