Nous ne sommes pas associés au projet de démonstrateur et je le déplore, car l'Office pourrait jouer un rôle intéressant à ce titre. Ce n'est pas un organisme de recherche, mais une agence d'appui. Or, en matière de recherche, on ne peut pas à la fois prescrire et répondre aux besoins.
Il est bon que les organismes de recherche, publics ou privés, soient mis en compétition. Mais en l'occurrence on est en train de construire une politique publique : dès lors, la puissance publique doit s'appuyer sur les agences mises à sa disposition. Il s'agit même de la raison d'être de l'OFB.
L'Ifremer est antérieur à l'OFB et à l'Agence des aires marines protégées. J'ajoute que son nom est assez révélateur : dans une logique gaullienne, il avait vocation à être, pour la mer, l'équivalent du Centre national d'études spatiales (CNES).
À l'origine, il s'agissait de déployer des moyens publics pour faire face à une carence du privé ; aujourd'hui, nous n'en sommes plus du tout là. L'Ifremer s'inscrit dans un monde concurrentiel et semble avoir un peu de mal à s'y mouvoir, ne serait-ce que du fait de sa flotte océanographique, qui coûte très cher. De son côté, l'OFB rencontre de nombreux représentants de jeunes entreprises agiles, capables de proposer diverses batteries de capteurs.
L'enjeu est donc l'environnement global de la recherche. Or l'Ifremer est toujours pris entre deux feux : il s'agit à la fois d'explorer pour exploiter - son but a été de développer des techniques de pêche intensives, puis, dans les années quatre-vingt, l'aquaculture - et de veiller au développement durable. Cela étant, l'écologie apparaît souvent comme la cinquième roue du carrosse.
De plus, la construction des plans est un peu compliquée : elle consiste à donner des crédits à l'Ifremer, qui, ensuite, va passer un certain nombre de commandes. De mon point de vue, ce système en cascade est un peu difficile à comprendre, même si, bien sûr, l'Ifremer est un très bel institut.
Est-ce un institut de recherche, un institut d'appui ou un institut d'expertise ? J'ai été reçu lundi dernier par le comité des parties prenantes de l'Ifremer, qui se pose lui-même la question. À mon sens, la clarification des rôles en matière de recherche entre le prescripteur et l'acteur me semble assez saine. C'est d'ailleurs ce que nous faisons avec la DCSMM.