Oui ! Cela peut passer aussi par les procès. Nous disposons d'une brigade au Palais de justice, qui explore les dossiers au greffe pour trouver les causes des litiges. Si nous recueillons des informations pertinentes, nous les exploitons. Nous ne nous privons de rien, vous savez. Nous sommes très discrets, mais nous nous efforçons d'en savoir le plus possible !
Nos informations peuvent provenir des litiges du travail, par exemple. Nous allons ainsi étudier et exploiter toutes les informations qui nous parviennent : des collaborateurs qui se rebellent contre leur employeur parce qu'ils ont été spoliés - ils racontent alors beaucoup de choses lors des audiences - ; un syndicat qui dénonce un employeur parce qu'il triche sur les heures supplémentaires, en faisant passer pour telles ce qui ne l'est pas - je vous renvoie à la presse de ces deux derniers jours - ; un autre syndicat qui dit avoir vu, sur un bateau, disparaître des marchandises censées être vendues - pensons au nord de la France. Nous exploitons bien entendu toutes ces données.
La BNI 4 reçoit également les dénonciations de TRACFIN. Il me semble, d'ailleurs, que vous avez auditionné Jean-Baptiste Carpentier. Nous exploitons les informations chaque fois qu'elles nous sont transmises. Nous faisons une enquête et, s'il y a lieu, nous pouvons diriger le dossier vers un contrôle fiscal classique ou vers une perquisition. Nous utilisons toute la panoplie des moyens dont nous disposons.
La BNI 5 est plus spécialisée. Certaines personnes, non domiciliées en France, peuvent se révéler par des signaux comme l'activité, la détention de biens, l'acquisition d'une résidence de standing sur la Côte d'Azur, par exemple. Il fait aussi partie des travaux de la BNI 5 de s'intéresser aux opérations de montage, de plus-values, ou à des scandales sur les stock-options. La presse a fait état de différentes prises de participation sauvages dans des sociétés de luxe françaises. Nous cherchons par quel canal tout cela s'est passé. La BNI 5 est très spécialisée sur ce point. Les sujets sont souvent très complexes et les enquêtes très longues.
La BNI 6 s'occupe du commerce sur Internet. Il s'y passe énormément de choses actuellement. On y voit beaucoup d'activités, de nombreux intervenants, qui vivent de publicité ou de revente de profilages du type de ceux qui sont offerts par Facebook. Le rôle de la DNEF est de savoir jusqu'à quel point ces sociétés doivent être localisées en Irlande, aux États-Unis et non en France.
Tous ces secteurs à risque représentent de gros enjeux financiers.