À mon sens, les chaînes d'information continue donnent une vision déformée de la réalité. 92 % des personnes sont vaccinées en France, ce qui traduit clairement la faiblesse du mouvement anti-vaccin. Si ces chaînes ne relayaient pas en permanence le discours de ce mouvement, nous en ignorerions l'existence ! Au printemps 1968, la France comptait dix millions de grévistes et la manifestation gaulliste mobilisa un million de personnes : nous étions alors bien loin des 50 000 personnes qui défilent aujourd'hui en France ! Cette vision déformée accroît le sentiment de complotisme.
Le problème de fond se situe sur les réseaux sociaux. Je connais les objections juridiques à cette idée, mais je suis favorable à la levée de l'anonymat afin de lutter contre la diffusion des messages complotistes et haineux. Les personnes qui ont été arrêtées dans le cadre de l'enquête sur les menaces visant la jeune Mila n'ont eu que des rappels à la loi ou des condamnations avec sursis... Pour ma part, j'estime qu'il faudrait les condamner beaucoup plus durement ! La justice doit suivre la police.
Le Digital Services Act, que porte Thierry Breton à la Commission européenne, sera sans effet si l'anonymat n'est pas levé. Le volume des échanges sur Twitter, notamment, est tel qu'un suivi par les magistrats et les forces de police s'avère impossible. Les réseaux sociaux, censés ouvrir un nouveau chapitre pour le débat public, se révèlent être un véritable « vide-ordure ». L'objectif du Digital Services Act consiste à transposer les interdictions qui s'imposent à la presse traditionnelle - négationnisme, menaces de mort, antisémitisme, racisme - aux médias en ligne, mais le volume des échanges le rendra inefficace.