Intervention de Emmanuelle Dubrana-Léty

Mission d'information Conditions de la vie étudiante — Réunion du 31 mai 2021 à 14h30
« campus de demain » — Audition de Mm. François Rio délégué général de l'association des villes universitaires avuf raphaël costambeys-kempczynski délégué général de l'alliance sorbonne paris cité aspc mmes isabelle demachy vice-présidente « formation innovation pédagogique et vie étudiante » anne guiochon-mantel vice-présidente « vie universitaire » de l'université paris-saclay emmanuelle dubrana-léty directrice de l'immobilier M. Jean-Pierre Berthet directeur délégué au numérique sciences po paris et Mme Sarah Bilot déléguée générale de l'association animafac

Emmanuelle Dubrana-Léty, directrice de l'immobilier (Sciences Po Paris) :

J'évoquerai pour ma part la partie immobilière de la question du campus de demain, ainsi que les aspects concernant la transition écologique. La démarche de Sciences Po illustre le choix d'un campus urbain, ouvert sur la ville et ses habitants. Ce positionnement est le reflet assumé de l'identité de notre établissement. Il est cohérent avec son domaine d'enseignement, les sciences humaines et sociales. Ce choix sert aussi bien l'objectif pédagogique que socioculturel et d'engagement citoyen propre à Science Po.

Il était important d'associer les étudiants à la conception du campus. Nous l'avons fait par de nombreux groupes de travail et cette démarche se poursuit. Les espaces que nous concevons aujourd'hui sont amenés à évoluer chaque année, au moins en partie. Ce choix a donc nécessité de repenser en profondeur l'organisation du campus de Paris. L'objectif consiste à le rendre plus cohérent, d'améliorer la qualité de service, l'accessibilité, la visibilité depuis la ville, la porosité, tout en répondant aux nouveaux besoins d'espace pédagogique.

Dans cet environnement, les contraintes sont nombreuses. Parmi celles-ci, un sujet important est la rareté des mètres carrés en centre-ville. Le périmètre étant limité, il faut penser les besoins et les usages au plus juste, avec des objectifs de polyvalence, de fonctionnement optimal du campus et d'évolution dans le temps en fonction des besoins.

Par ailleurs, nous travaillons à la transformation de sites patrimoniaux : c'est une expérience riche et inspirante.

Une problématique à laquelle nous sommes confrontés consiste à créer des espaces ouverts sur la ville, ce qui n'est pas aisé dans un bâtiment classé ou patrimonial. Un autre enjeu tient aux exigences de sécurité et de sûreté. Nous voudrions faire du « hors les murs », alors que nous sommes contraints à plus de contrôle d'accès, ce qui limite l'activité des associations étudiantes qui le regrettent.

Concevoir un campus urbain implique de travailler sur la notion de contour. Les limites ne sont pas claires. Il s'agit de définir des « îlots » et de travailler sur le parcours étudiant. Nous recourons à la signalétique et au numérique avec des applications mobiles de guidage pour les aider à se repérer entre les divers sites.

Nous travaillons également sur l'organisation d'événements et d'expositions publiques. Cette démarche nécessite de déployer de nouvelles formes d'espace pour répondre aux temps de la vie étudiante. Il faut créer de la modularité et qualifier ces espaces dans le temps de la journée, à l'échelle d'une année universitaire. Cette ambition nécessite de mailler un réseau partenarial, car la rareté des surfaces ne permet pas de tout offrir aux étudiants à l'intérieur du campus, notamment des salles de spectacle pour les productions étudiantes, des équipements sportifs ou des logements. Cette situation nécessite de travailler avec les partenaires universitaires.

Enfin, nous voulons renforcer l'ancrage territorial en mobilisant notamment le réseau associatif et étudiant et en menant une politique proactive d'ouverture vers l'extérieur.

Avec cette notion de campus urbain, il faut s'attendre à ce que la vie étudiante déborde des frontières strictes du campus, et d'ailleurs nous l'espérons, même si l'étudiant est souvent considéré comme une nuisance par le voisinage. Or pour nous au contraire, c'est une source de vitalité, qui permet du reste à certains commerces de se maintenir.

Lorsque l'on fait comme Science Po le choix d'un campus urbain, les options sont très resserrées en termes de transition écologique. Il faut avant tout moderniser les bâtiments dans une logique de rénovation énergétique, en tenant compte des contraintes de restauration du bâti. Il faut privilégier des solutions minimalistes en termes d'équipement, en travaillant l'isolation de l'intérieur et en végétalisant très largement les espaces. Par exemple, trois cours minérales seront transformées en jardins paysagers, auxquels nous ajoutons 1 200 mètres carrés de surfaces végétalisées. À l'échelle de l'îlot entier, ce sera un bénéfice en termes d'apport de fraîcheur. En conclusion, nous exploitons au mieux les caractéristiques intrinsèques de nos bâtiments.

Je souhaite évoquer la difficulté à laquelle nous faisons face dans la stratégie de rénovation des bâtiments du fait d'une contrainte forte en termes de surface. Ces opérations nécessitent un relogement de tout ou partie des activités, ce qui surenchérit les coûts de manière très significative, au-delà de ceux afférents aux études.

Enfin, il faut travailler sur les usages pour accompagner cette question de la transition énergétique : tri des déchets, sobriété énergétique, recours limité aux emballages, réemploi des matériaux, etc. C'est donc un chantier quotidien qu'il faut animer. La responsable de la transition énergétique réunit toutes les composantes de Sciences Po à sa réflexion, en incluant les étudiants, enseignants chercheurs et personnels de Sciences Po.

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