Intervention de Jean-Pierre Berthet

Mission d'information Conditions de la vie étudiante — Réunion du 31 mai 2021 à 14h30
« campus de demain » — Audition de Mm. François Rio délégué général de l'association des villes universitaires avuf raphaël costambeys-kempczynski délégué général de l'alliance sorbonne paris cité aspc mmes isabelle demachy vice-présidente « formation innovation pédagogique et vie étudiante » anne guiochon-mantel vice-présidente « vie universitaire » de l'université paris-saclay emmanuelle dubrana-léty directrice de l'immobilier M. Jean-Pierre Berthet directeur délégué au numérique sciences po paris et Mme Sarah Bilot déléguée générale de l'association animafac

Jean-Pierre Berthet, directeur délégué au numérique (Sciences Po Paris) :

Depuis le mois de mars 2020 et la rentrée hybride en septembre 2020, nous avons mis en place un double campus - ou campus Ubique - avec plus de 130 salles hybrides occupées, pour permettre aux 49 % d'étudiants internationaux originaires de quelque 150 pays de poursuivre leurs études à distance. En raison du décalage horaire, des formules de replay ont été mises en place.

Depuis le mois de mars 2020, Sciences Po a organisé 400 000 cours et réunions et cours à distance pour des visioconférences ayant réuni 3,7 millions de participants. Le numérique a littéralement explosé depuis plus d'un an ! Des points complexes sont apparus, notamment l'absence de relation informelle extra-académique, ce qui nous a incités à mettre en place un dispositif spécifique pour permettre aux étudiants d'échanger. Le campus Ubique a pu constituer un lieu d'échanges virtuel.

Nous avons également observé de nouvelles pratiques chez les étudiants, dont la mise en place de visioconférences muettes afin de recréer les salles de travail silencieuses des bibliothèques.

Effet favorable du digital, les candidats qui ont passé les oraux en ligne semblaient moins stressés que ceux qui devaient venir à Paris, passer une nuit à l'hôtel, etc.

Comme pour le milieu du travail, le « monde d'après » ne sera pas comme le « monde d'avant ». Le mélange sera plus important entre physique et numérique. Les campus deviendront digitaux : ils intégreront le numérique in situ et seront augmentés par des écosystèmes numériques. L'application mobile de Sciences Po permet à nos étudiants d'obtenir des informations générales, mais aussi adaptées à un contexte local, et aux ressources extérieures au campus concernant, par exemple, les lieux de restauration. Le numérique doit permettre une interface avec le réel. Cette transformation aura une influence très forte sur la pédagogie et sur des choix tels que la nécessité de concevoir encore des amphis classiques ou de prévoir plutôt des espaces de collaboration, pour travailler en sous-groupe, comme il en existe dans d'autres pays ? Les lieux physiques devront-ils être réservés aux échanges en présentiel ?

Il n'y aura, selon moi, pas d'opposition à l'avenir entre présentiel et virtuel, mais un continuum en fonction des contextes et des conditions. Le développement de parcours mixtes, associant distanciel et présentiel, est indispensable pour développer l'attractivité des établissements d'enseignement supérieur à l'international.

Enfin, les villes numériques doivent être liées aux campus numériques, notamment en termes d'environnement ou de services, pour les différents acteurs locaux.

Je terminerai en disant que plusieurs éléments doivent être au coeur de cette construction : le respect des données, la maîtrise des algorithmes, l'orientation des usages vers la réussite étudiante, ainsi que le développement de la souveraineté numérique à l'échelle européenne.

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