Intervention de Mohammed Sifaoui

Commission d'enquête Combattre la radicalisation islamiste — Réunion du 12 décembre 2019 à 9h35
Audition de M. Mohammed Sifaoui journaliste écrivain et réalisateur

Mohammed Sifaoui :

J'ai tout à fait conscience que certains termes entrent dans le langage courant et s'imposent dans le débat public. Mais dans une enceinte comme le Sénat ou bien à l'Assemblée nationale, il me paraissait important que vous puissiez les clarifier en préambule. Cela permettra, demain, au législateur de pouvoir désigner « l'islamisme » comme « idéologie » en tant que telle, comme l'ont d'ailleurs déjà fait de nombreux universitaires, à l'image de Gilles Kepel, et qui sont capables de vous donner une définition scientifique de « l'islam politique ». Feu Bruno Etienne par exemple, qu'on ne peut pas soupçonner d'être anti-islam, a été un des premiers à définir et à utiliser le terme « islamisme ».

De ce point de vue, que ce soient les universités françaises ou occidentales, toutes ont assumé l'idée que « l'islam politique » était un objet d'étude réel. Il me semble en revanche plus gênant d'utiliser le terme « radicalisation », car même si je le comprends, je pense qu'il n'est pas compris par tout le monde. Surtout, dans l'imaginaire collectif, ce terme n'inclut pas ceux qui ne sont pas dangereux pour l'ordre public. Aujourd'hui on considère que le « radical » est forcément dangereux. Or il y a des islamistes qui ne sont effectivement pas dangereux à court terme mais qui sont porteurs d'une idéologie qui pourra devenir dangereuse. Ils sont pour ainsi dire dangereux de façon passive.

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