Intervention de Roger Karoutchi

Mission commune d'information Effets des mesures en matière de confinement — Réunion du 10 février 2022 à 10h30
« le variant omicron et après ? » — Audition du pr. éric caumes infectiologue à l'hôpital de l'hôtel-dieu à paris de Mme Vittoria Colizza épidémiologiste directrice de recherche à l'institut pierre louis d'épidémiologie et de santé publique inserm

Photo de Roger KaroutchiRoger Karoutchi, rapporteur :

Vous dirai-je que je suis rassuré après ces propos ? Pas vraiment !

On a beaucoup écouté les autorités politiques et sanitaires. Pour résumer, depuis un bon mois, on nous dit que l'on commence à imaginer que la pandémie est derrière nous. Omicron nous rassure, car il est moins virulent, même s'il est plus transmissible. Résultat : la situation est totalement incompréhensible. Les gens respectent beaucoup moins les gestes barrières alors que les statistiques montrent qu'il y a davantage de monde à l'hôpital.

Du temps de Delta, les gens étaient inquiets et faisaient très attention, car on nous disait que le virus était à la fois transmissible et dangereux. Actuellement, dans les centres de vaccination des Hauts-de-Seine, il n'y a personne ! En réalité, on a très peu augmenté la pression en faveur de la vaccination, même pour la première dose.

Nous sommes dans une situation étonnante, où le Gouvernement nous a fait voter récemment le passe vaccinal pour nous dire qu'il y mettra fin dès mars. Moi qui avais des hésitations, je me demande désormais où l'on va.

J'ai bien entendu qu'on n'était pas du tout certain qu'il n'y ait pas de nouveaux variants. Est-il imaginable qu'un laboratoire produise un vaccin protégeant contre l'ensemble des variants et contre la transmission ? Savoir que, même triplement vacciné, on peut attraper le virus, c'est tout à fait différent de savoir que vacciné, on est protégé. Cela ne pousse pas à être discipliné. Les gens ont un sentiment, soit de fatalité, soit de facilité. Beaucoup de gens sont antivax ou contre les vaccins à ARN messager. On nous a parlé du vaccin de Novavax mais il est peu proposé. Comment s'en sortir ?

Comment analysez-vous le manque de lisibilité de la politique publique de lutte contre la pandémie ? Il y a eu 132 000 morts, des dizaines de milliers de personnes atteintes de covid long. Mais les chiffres ne sont plus classiques, puisque des personnes hospitalisées pour d'autres causes sont comptabilisées comme étant hospitalisées pour covid.

Il y a six mois ou un an, la perspective était terrible mais claire quant à la discipline à adopter. Là, le gouvernement britannique annonce que même les cas positifs n'auront plus à rester isolés chez eux. C'est incompréhensible. On ne peut pas avoir dit à la population qu'il fallait s'isoler pour qu'ensuite, des gouvernements affirment qu'il n'y a aucun problème et que les personnes positives peuvent continuer à aller travailler et à circuler. On est complètement perdu.

Évidemment, il y a beaucoup d'incertitudes du fait du caractère nouveau de cette pandémie, mais cela devient très compliqué pour le politique. J'ai voté le passe vaccinal ; désormais, je me dis que j'aurais dû m'abstenir.

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