Intervention de Thierry Bégué

Mission d'information Conditions de la vie étudiante — Réunion du 29 mars 2021 à 15h20
Table ronde sur le logement des étudiants

Thierry Bégué, directeur général du Crous de Paris :

Le spectre de vos questions apparaît effectivement très large.

Le Centre national des oeuvres universitaires et scolaires (Cnous) gère, au travers des vingt-six Crous de métropole, 175 000 logements avec l'objectif de loger prioritairement les 750 000 étudiants boursiers et de contribuer à l'attractivité internationale des campus. De fait, l'accueil international représente 20 % à 25 % des effectifs des locataires.

Le Crous de Paris est confronté à un double défi. Le premier est d'ordre qualitatif : nous disposons encore de chambres dont la surface ne correspond plus aux standards. Grâce au plan de relance et aux crédits de contractualisation, nous devrions les avoir intégralement réhabilitées d'ici trois ou quatre ans. Le second défi est quantitatif : la dynamique de mise en oeuvre du plan de 60 000 logements lancé par le Gouvernement est insuffisante. Seuls 6 000 ont été produits depuis 2018.

Nous vous transmettrons plusieurs propositions en faveur du logement des étudiants. Les montages actuels ne sont pas adaptés à la construction de résidences intégrant des lieux de convivialité, dont la crise a prouvé toute l'importance. Il convient de faciliter l'accès au foncier public : les règles de domanialité apparaissent trop complexes et ne favorisent pas un accès à moindre coût. Il paraît également nécessaire de simplifier le dispositif juridique du marché de partenariat avec les bailleurs sociaux créé par l'ordonnance de 2015 relative à la commande publique. En raison de sa complexité, aucun marché de ce type n'a été lancé, ce qui freine la production de logements.

Les efforts en matière de construction doivent être ciblés sur les zones en tension pour y développer une offre à loyer modéré. La diversification du public logé par les Crous me semble également importante. Nous avons, pendant la crise, obtenu une dérogation pour l'accueil en court séjour qu'il conviendrait de maintenir pour nous permettre d'accueillir des jeunes non étudiants dans des logements vacants.

Nous n'avons pas suffisamment de recul pour juger des conséquences de la réforme des aides au logement. Il y a, effectivement, des étudiants qui y gagnent et des perdants. Quoi qu'il en soit, les aides au logement ne doivent pas être intégrées aux ressources permettant d'accéder à d'autres dispositifs, notamment en matière de formation, au risque de créer des effets pervers.

Le Crous de Paris a été au rendez-vous de la crise sanitaire grâce à la mobilisation de ses équipes et de ses travailleurs sociaux. Nous avons exonéré nos résidents de loyer pendant le premier confinement, puis établi un gel pour les années 2020 et 2021, compensé par l'État. Nous avons également nommé 80 étudiants référents, donc la fonction devrait être pérennisée, pour accompagner les étudiants les plus isolés. Enfin, nous avons mobilisé la Contribution de vie étudiante et de campus (CVEC) pour financer des animations virtuelles et, à hauteur de 400 000 euros, un accompagnement psychologique des étudiants.

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