Intervention de Tommy Veyrat

Mission d'information Conditions de la vie étudiante — Réunion du 29 mars 2021 à 15h20
Table ronde sur le logement des étudiants

Tommy Veyrat, délégué national de l'Union nationale des Cllaj :

Je vous livrerai un point de vue plus général puisque les Cllaj s'occupent de l'ensemble des jeunes de seize à trente ans, qu'ils soient étudiants ou pas, même si le public étudiant fréquente de plus en plus nos comités. Longtemps, le logement a été vecteur de stabilisation et de protection. Avec la crise, il est également source de fragilisation et se révèle indispensable à l'indépendance des jeunes.

Si près d'un tiers des étudiants bénéficie d'une bourse, le montant moyen apparaît assez faible. De fait, l'échelon 7, dont le montant est proche de celui du revenu de solidarité active (RSA), ne concerne que 7 % des boursiers. La majorité des étudiants boursiers occupe donc un emploi, dont nous savons qu'il représente la principale cause d'échec universitaire. La raréfaction de l'emploi étudiant du fait de la crise sanitaire fait des APL une source de revenus massive : un tiers des bénéficiaires du dispositif est étudiant. Les APL apparaissent particulièrement efficaces en matière de réduction de la pauvreté, mais le dispositif souffre, depuis 2018, d'une sous-indexation chronique qui conduit à une augmentation du reste à charge. La réforme de la contemporanéité a un impact négatif sur les jeunes, mais les étudiants sont épargnés grâce au système de l'abattement forfaitaire.

Le Cnous gère effectivement un parc de 175 000 logements dont, compte tenu du nombre d'étudiants - 2,7 millions - la vocation reste majoritairement très sociale. Toutefois, l'amélioration de la qualité des logements proposés a conduit, malgré le gel appliqué sur le dernier exercice, à une augmentation des loyers.

Sous le quinquennat précédent, un plan de 40 000 logements étudiants a été mis en oeuvre, mais seulement 48 % des nouvelles constructions ont été confiés en gestion aux Crous. L'offre de logement semble donc peu lisible aux étudiants. Un problème similaire se pose avec le plan de 60 000 logements lancé par l'actuel Gouvernement, sans compter que l'effectivité de la production promise demeure incertaine.

Reste donc le parc privé, premier vecteur du logement étudiant, particulièrement dans les zones tendues, où les loyers pour les petites surfaces sont pourtant élevés. Les politiques de régulation, en effet, ne sont pas à la hauteur : l'encadrement des loyers prévu par la loi du 24 mars 2014 pour l'accès au logement et un urbanisme rénové, dite ALUR, a été rendu inopérant à force de recours administratifs et l'expérimentation locale permise par la loi du 23 novembre 2018 portant évolution du logement, de l'aménagement et du numérique (ELAN) n'est mise en oeuvre que dans quelques métropoles. Quant à la garantie locative « Visale », elle ne présente hélas pas un caractère universel.

La crise sanitaire n'a pas créé celle du logement étudiant ; elle a accru les difficultés existantes en matière d'offre et de demande. Le recul du revenu des étudiants, voire de certains parents, aggrave également la situation. Il convient, à court terme, de mobiliser les APL pour améliorer la solvabilité des étudiants dans le domaine du logement et, à plus long terme, de mieux réguler le parc privé et de renforcer la production de logements sociaux pour tous les publics et dans tous les territoires, y compris les plus excentrés.

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