Selon l'Observatoire de la vie étudiante (OVE), au niveau national, 12 % des étudiants vivent en résidences dédiées, 33 % d'entre eux sont cohabitants, le reste se logeant dans le parc diffus.
Nous constatons une disparité territoriale qui dépend de nombreux facteurs : stratégie des bailleurs sociaux et des opérateurs privés, caractère tendu ou détendu du marché du logement. Le regard global que nous adoptons nous permet d'observer les choix des étudiants en tenant compte des types de formation. Un étudiant qui suit une formation courte ou étudie dans une université de proximité aura ainsi tendance à rester chez ses parents les premières années ; si le bassin de recrutement est plus large, les étudiants seront moins fréquemment cohabitants. Il y a donc une vraie réflexion à avoir sur les périmètres de recrutement, qui sont liés aux offres de formation.
Le logement étudiant dépend aussi des stratégies des collectivités territoriales, qui décident ou non de construire des résidences étudiantes et choisissent de recourir à tel ou tel type d'opérateurs en fonction des réalités locales.
Un autre élément doit être pris en compte : le profil sociologique des étudiants, et notamment le taux de boursiers ou d'étudiants internationaux, ces publics étant confrontés à des problématiques spécifiques.
Nous avons pu observer que les collectivités préféraient en général la mixité urbaine, sociale et générationnelle à la concentration de l'habitat étudiant « à l'américaine », sur ou en bordure des campus.
Nous nous sommes rendu compte également que les difficultés de logement touchaient en particulier les étudiants internationaux qui viennent en France hors contrat. Ils représentent le public le plus vulnérable - ils arrivent à la rentrée, au moment où l'offre n'est plus très abondante, et n'ont pas toutes les clés pour se repérer dans la très grande diversité de l'offre. Je citerai un autre public qui intéresse beaucoup les territoires : les étudiants alternants en stage ou dans les filières de santé, dont le parcours demande souvent, sur une année, d'enchaîner ou de cumuler plusieurs logements.
Sur la crise sanitaire, nous n'avons pas encore assez de recul pour vous donner des éléments spécifiques ; nous avons néanmoins constaté que les étudiants qui en avaient la possibilité étaient rentrés chez leurs parents pendant les différents confinements ; ce sont les étudiants internationaux ou ceux qui n'ont pas pu retourner au domicile de leurs parents qui ont eu le plus de difficultés à payer leur loyer.
Nous envisageons de travailler, dans un avenir proche, autour de trois chantiers : la promotion d'un nouveau modèle plus modulable permettant la mixité des publics ; l'intégration du logement étudiant dans les projets structurants des espaces en reconversion ou en renouvellement urbain ; la construction de nouveaux modèles de résidences portés par les offices fonciers solidaires.
L'observation est l'outil qui nous permet d'anticiper sur les pratiques et les besoins de demain - je ne prendrai qu'un exemple : l'offre de formation à distance aura-t-elle un impact sur le logement ?