Intervention de Philippe Campinchi

Mission d'information Conditions de la vie étudiante — Réunion du 29 mars 2021 à 15h20
Table ronde sur le logement des étudiants

Philippe Campinchi, délégué général de l'Association interprofessionnelle des résidences étudiants et services (Aires) :

Dans les villes moyennes, ce qui est décrit est la situation qui prévalait avant la crise de la covid-19. On ne sait pas encore quels seront les comportements sociaux en France après la crise. Il peut y avoir un mouvement de réoccupation et de recherche du confort de vie dont nos villes moyennes profiteraient. Le télé-enseignement y aiderait. Dans des villes comme Bastia, où le Crous ne voulait pas aller, des résidences privées ont été amenées à s'implanter. Dans une ville comme Limoges, personne ne veut investir, si ce n'est les particuliers. Les dispositifs dits Censi-Bouvard permettent de les accompagner et de sortir des produits, pour que nos territoires et nos villes moyennes ne soient pas désertés.

Nous n'avons parlé que du parc de résidences dédiées. Le diffus est un sujet complexe, et qui pose de vrais problèmes. Lorsque les appartements familiaux sont pris par des étudiants, les villes découvrent que le centre-ville est complètement occupé ainsi... Or la présence de résidences publiques, privées, sociales, est un facteur de régulation urbaine.

Sur le plan 60 000, les chiffres ont été communiqués lors du dernier comité de pilotage. Entre 2017 et 2020, 23 378 logements ont été construits. Reste la question du périmètre de ce plan. L'université de Paris-Dauphine, par exemple, gère environ 500 logements dans le cadre de partenariats avec le Crous ou d'autres acteurs. Si elle décide de construire une résidence pour étudiants à Saint-Ouen, les quelque 150 logements ne comptent pas dans le périmètre du plan 60 000 ! On marche sur la tête... Il faut comprendre pourquoi, à chaque fois, on vote 10 000 PLS, et, à chaque fois, on n'en sort que 5 000 ou 7 000. C'est flagrant en région parisienne, où des projets de résidence en logements conventionnés, refusés, sortent finalement en privé. C'est incompréhensible !

Vous avez évoqué les étudiants ultramarins. Je suis très sensible à cette question. Pour moi, les Crous ont pour mission prioritaire d'accueillir les étudiants boursiers. Or seuls 60 % des étudiants logés dans des résidences de Crous sont boursiers. Il y a 25 % d'étudiants étrangers, et 15 % d'étudiants non boursiers. Cela ne peut pas fonctionner. Il faut redonner aux Crous la mission d'accueillir d'abord les étudiants qui sont dans les situations les plus compliquées.

M. Bégué a évoqué le gré à gré dans les universités. Un établissement d'enseignement supérieur ne veut pas mettre tous ces logements dans le Crous, pour de multiples raisons. En particulier, l'attractivité internationale - qui est un élément fondamental du classement de Shanghai - prescrit d'organiser une offre diversifiée, pour avoir plus de chances de répondre aux besoins des étudiants. Dès lors, le gré à gré ne me paraît pas une bonne idée.

Visale, enfin, est une véritable réussite, mais il faut parfois donner du temps au temps. Au départ, tout le monde était méfiant à l'égard de ce dispositif. Petit à petit, les acteurs sont de plus en plus convaincus, et le privé commence à suivre. C'est une véritable avancée.

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