Je suis persuadé qu'il en a eu un. Je l'ai vu dans son lit d'hôpital, avec un cathéter dans le coeur. Cela aurait été une sacrée mise en scène. Pour autant, certaines choses ont été inventées.
Le docteur Ferrari a mis en place une méthode de dopage tout à fait classique. Lance Armstrong pratiquait sans talent spécifique, mais avec une certaine efficacité, l'art d'éviter les contrôles. La surveillance mise en place était élémentaire, du bricolage ! Des guetteurs aux fenêtres, des chambres d'hôtel dénumérotées pour retarder l'arrivée des contrôleurs. Dernier élément : la corruption. À l'époque, le manager de l'US Postal, le belge Johan Bruyneel, était prévenu la veille des contrôles inopinés qui auraient lieu le lendemain. Un journal flamand a même évoqué un médecin à la fois préleveur et soigneur dans l'équipe de Lance Armstrong. J'ignore où en est cet aspect de l'affaire. À ma connaissance, aucune enquête n'a été ouverte.
Il restera toujours des pratiques indétectables. C'est le cas de l'autotransfusion sanguine. La fenêtre de détectivité de l'hormone de croissance ne reste ouverte qu'une heure. On peut en principe détecter les différentes sortes d'EPO, mais il en existe plus de 90 sur le marché, dont certaines fabriquées ou contrefaites en Chine ou en Europe de l'Est. Les malfaiteurs ont toujours une longueur d'avance sur les policiers, et ce n'est pas parce que l'on arrête quelques tricheurs que la lutte progresse.
L'avenir ne s'annonce pas très radieux, compte tenu de l'évolution du sport et des modes d'élection au sein des fédérations internationales - qui se résument à de la cooptation. Il faut se demander qui aurait intérêt à ce que le dopage soit définitivement vaincu. Les instances internationales ? Les organisateurs d'événements ? Les managers ? Les sponsors ? Les médecins ? Cela fait treize ans que cela dure. Cela va durer encore.