Merci de votre invitation et de votre engagement pour un sport propre. L'USADA travaille pour tous les sportifs qui ne se dopent pas. Je voudrais pouvoir enseigner à mes trois enfants les leçons du sport : l'honnêteté, l'équité, le respect. Le sport développe le caractère et apprend à s'engager au service d'une cause plus large. Il est fondé sur les mêmes valeurs que la démocratie. Le dopage compromet ces principes. C'est pourquoi nous devons le combattre.
Le Congrès a reconnu l'USADA comme agence antidopage pour les Jeux olympiques, paralympiques et panaméricains. Nous n'avons pas de prérogatives sur les cinq grandes fédérations sportives professionnelles aux États-Unis. L'USADA est une organisation privée à but non lucratif. Elle dispose d'un budget de 14 millions de dollars dont 8,5 millions proviennent de subventions publiques, le reste provient de sources privées, y compris du Comité olympique américain. Cette diversité des sources de financement garantit notre indépendance.
L'affaire Armstrong a confirmé que le cyclisme avait succombé au dopage et qu'il existait une culture de corruption dans ce sport. La prise d'EPO est une pratique courante. Notre souci est de protéger les athlètes, les générations à venir de sportifs. Il y a là un problème de santé publique.
Les frontières n'arrêtent pas le dopage. Certains athlètes ont tout simplement quitté les États-Unis ou la France pour s'entraîner dans des pays moins regardants, plus laxistes. Nous avons conclu un accord de coopération avec l'AFLD, car nous partageons les mêmes objectifs et la même détermination que M. Bordry ou M. Bertrand. Grâce à nos accords de coopération nous avons obtenu copie des tests dont les résultats avaient été publiés par l'Équipe lors de notre enquête sur l'affaire Armstrong.
L'indépendance de la lutte antidopage ne doit pas être une façade. L'expérience montre qu'il est impossible de faire la promotion d'un sport et de le surveiller en même temps. Nos directeurs ne subissent aucune pression du gouvernement, des fédérations ou des sponsors. Notre personnel respecte un code déontologique strict qui interdit de travailler pour toute autre organisation sportive, à titre gratuit ou non. Nous sommes soumis au secret professionnel et ne devons pas nous exprimer devant la presse, sauf autorisation, pour ne pas mettre en péril des enquêtes en cours. Les athlètes hésiteraient à témoigner s'ils pensaient que leur nom et leurs propos peuvent apparaître au grand jour. Nous n'avons non plus aucune obligation d'ordre commercial et n'avons pas à nous préoccuper des conséquences financières lorsque nous révélons des scandales.
Lors de l'affaire Armstrong, l'UCI s'est employée à contrarier notre enquête à chaque étape. Finalement, à la suite de notre décision, en novembre dernier, le président de l'UCI a annoncé une commission d'enquête indépendante et un examen critique du passé. Mais il a dissout cette commission lorsqu'elle a décidé d'outrepasser les limitations qu'il lui avait imposées. L'UCI attend que l'orage passe. C'est insupportable pour les sportifs. Elle doit agir. Elle a accepté les conclusions de notre décision raisonnée mais a critiqué dans le même temps l'USADA et l'AMA. Son président a accusé, avec véhémence, les sportifs qui avaient parlé de faire honte au sport. Sans doute s'agissait-il d'une tactique d'intimidation, destinée à dissuader d'autres sportifs de témoigner. Lance Armstrong semblait prêt en novembre 2012 à dévoiler toute la vérité, il ne l'a pas encore fait. Il est probable qu'il détient des preuves de l'implication de l'UCI dans cette affaire sordide.
Ainsi il est nécessaire qu'une agence indépendante, non sponsorisée par le monde sportif, réalise des contrôles inopinés hors compétitions, en procédant à des tests longitudinaux sur l'urine et le sang pour détecter l'EPO et d'autres substances illicites. C'est un travail difficile. Nous faisons le sale boulot ! Nous avons réalisé des tests sur le Tour de Californie en 2001, mais sans rechercher l'EPO. Dès 2001, l'UCI avait la preuve que Lance Armstrong détenait des échantillons d'EPO synthétiques lors du Tour de Suisse. Mais elle ne nous a pas transmis les échantillons.
Nos programmes de lutte doivent également tenir compte des nouvelles pratiques, des nouvelles substances, définir des sanctions et des procédures de protection pour les sportifs accusés, investir dans la recherche scientifique tout en conduisant un travail d'éducation. Les fournisseurs de produits dopants qui échappent aux juridictions sportives doivent être tenus pour responsables. Les athlètes ont des moyens sophistiqués pour contourner les tests. Tyler Hamilton et Floyd Landis ont été contrôlés positifs. Si nous n'avions pas porté plainte contre eux et fourni des preuves, jamais ces athlètes n'auraient révélé ce qui se passe dans le cyclisme.
Nous nous battons pour l'âme du sport et pour défendre ceux qui ne se dopent pas. Les athlètes du Mouvement olympique nous soutiennent ; ils doivent s'impliquer davantage encore dans cette lutte. Les jeunes doivent pouvoir s'identifier à leurs sportifs préférés. Le dopage ternit l'image de tous les sportifs. Notre lutte doit être globale. Mais aucun programme n'est parfait. Il faut sans cesse se retrousser les manches.
Je remercie votre commission pour l'intérêt qu'elle porte à ce dossier.