Intervention de Serge Lagauche

Mission commune d'information sur le système scolaire — Réunion du 4 mai 2011 : 1ère réunion
Présentation des premiers travaux de la mission

Photo de Serge LagaucheSerge Lagauche, président de la mission commune d'information :

Nous pouvons remercier l'équipe qui a réalisé ce film, qui constitue l'une des premières expériences de communication de ce type au Sénat.

Bienvenue et merci à l'ensemble des intervenants qui ont accepté de venir débattre avec nous ce matin. Nous avons rencontré la plupart d'entre vous à l'occasion de nos auditions, des précédentes tables rondes ou des déplacements organisés par notre mission d'information. Aujourd'hui, nous souhaitons « croiser les regards » des uns et des autres, tout en ouvrant nos débats au public. Je remercie également toutes les personnes qui ont répondu positivement à notre invitation.

Nos réflexions ont déjà été très nourries par la soixantaine de personnes que nous avons entendues au Sénat au cours de nos auditions et tables rondes précédentes, ou rencontrées sur le terrain. Comme vous l'avez constaté dans le film qui vient d'être projeté, nous avons souhaité étudier la situation dans différentes régions de France, pour essayer de couvrir toute la diversité des territoires urbains et ruraux de notre pays. Nous nous sommes ainsi rendus dans le Val-de-Marne, en Haute-Savoie, dans la Somme et dans le Nord. Demain, nous irons à Marseille et bientôt à Rennes.

Mais les exemples étrangers sont également toujours instructifs, nous permettant d'enrichir le regard que nous portons sur nous-mêmes. C'est pourquoi nous avons étudié l'évolution de l'organisation territoriale et des politiques en matière d'expérimentation et de réformes conduites aux Pays-Bas, en Belgique, en Suisse et au Portugal. Nous irons en Pologne fin mai. En outre, notre rapport comportera des informations relatives notamment au Royaume-Uni, à l'Italie, à l'Allemagne, au Danemark ou à l'Australie, grâce à une étude de législation comparée, mais aussi à la Finlande et au Canada, où la commission de la culture et de l'éducation s'est déjà rendue.

A l'issue de nos premiers travaux, nous pouvons converger sur certains constats : 160 000 élèves quittent chaque année le système éducatif sans qualification, comme l'a révélé le ministre, Luc Chatel. Ce n'est admissible ni pour les jeunes concernés ni pour notre société dans son ensemble.

L'éducation nationale a globalement réussi sa mission de démocratisation de l'enseignement, en l'espace d'une génération. Ainsi, 100 % d'une classe d'âge est désormais scolarisée jusqu'à 16 ans et 65 % parvient jusqu'au baccalauréat, soit trois fois plus qu'au début des années 80. Mais il est plus difficile de conduire au succès l'ensemble des élèves que de se consacrer, comme autrefois, exclusivement aux meilleurs. En outre, l'école se trouve non seulement témoin, mais aussi partie prenante d'évolutions de la société qui la dépassent et dont, par certains aspects, elle subit les conséquences.

Dans ce contexte, le système « patine » et ses résultats se dégradent, comme le montrent tant l'enquête PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) de l'OCDE que les évaluations nationales. Alors que nous devons développer ce que l'on appelle une « économie de la connaissance », entre 2000 et 2009, nous sommes restés dans un groupe de pays moyens, à la quinzième place sur les vingt-six pays constamment examinés. Pire encore, la dernière enquête de 2009 montre que la part des élèves en difficulté s'accroît, de même que le poids de l'origine sociale dans les inégalités scolaires, alors que notre pays était dans la moyenne en 2000. En dix ans, le creusement des inégalités scolaires d'origine sociale est indéniable. Parallèlement, le nombre de bacheliers stagne depuis quinze ans, tandis que le système entretient notre double handicap culturel. Nous valorisons insuffisamment les aptitudes et points forts de nos jeunes, et ne parvenons pas à promouvoir une orientation positive et la réussite de tous, quels que soient leurs parcours. Pourtant, si des pays tels que l'Allemagne ou le Portugal ont vécu les enquêtes PISA comme un choc presque salutaire les conduisant à prendre des mesures leur permettant d'améliorer les résultats de leurs élèves, la France peine à trouver sa voie. Nous ne manquons pourtant ni de réformes, ni d'expérimentations, ni de ministres. La multiplication des unes et la succession des autres ne semblent pas faciliter une évolution harmonieuse de notre système éducatif.

Si nous partageons tous ces constats et reconnaissons cette évolution comme nécessaire, ce terme ne recouvre toutefois pas nécessairement la même réalité pour tous les membres de notre commission. Nous n'en sommes cependant pas encore au stade des propositions, mais à celui des questions, des pistes de réflexion et d'un débat que nous souhaitons ouvert et constructif, qui s'organisera autour de deux tables rondes, la première portant sur les expérimentations en matière scolaire et la seconde sur le fonctionnement du service public de l'éducation nationale.

Pour terminer, je remercie Madame Marie-Caroline Missir, rédactrice en chef adjointe de l'agence de presse spécialisée dans l'éducation (AEF), qui va animer nos débats.

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