conseiller-maître honoraire à la Cour des comptes, ancien président de la Commission du débat national sur l'avenir de l'école, chercheur. -L'expérimentation n'est pas un levier de réforme, elle permet de conduire une politique. Elle ne sert pas à contourner la contrainte budgétaire. En revanche, elle contribue à rendre cette contrainte féconde. Eduquer la jeunesse est en outre plus difficile qu'autrefois. Cela ne peut plus se faire de façon centralisée.
Concernant le contenu, la nouveauté doit être bien définie. Les acteurs choisis ne doivent pas être les plus performants, au risque de biaiser les résultats. Il faut choisir des gens normaux, se donner du temps et définir les organisations ne participant pas à l'expérimentation, mais avec lesquelles ses résultats seront comparés.
J'appelle « quasi-expérimentations », celles qui ne concernent pas des nouveautés, mais des pratiques parfois anciennes et différentes d'un lieu à un autre. Nous ne comparons pas encore suffisamment ces pratiques pour tirer parti de l'existant. Nous pourrions comparer par exemple l'efficacité des petites et des grandes structures, du secteur public et du secteur privé, ou encore les fonctionnements différenciés de certaines académies.
Il convient également d'évaluer correctement les expérimentations. Il faut renforcer les compétences de l'évaluation au sein de l'État et associer davantage les collectivités territoriales.
Enfin, notre plus grande faiblesse réside dans notre difficulté à tirer correctement les conséquences des évaluations de nos expérimentations. Soit nous le faisons trop rapidement car les ministres sont pressés, soit l'administration centrale n'ose pas prendre la responsabilité de le faire.
Pour mieux conduire la politique éducative, deux points sont importants :
- travailler sur les pratiques : l'essentiel est de tirer les conséquences au niveau des établissements et de la pratique pédagogique des enseignants, et non pas au niveau « administrativo-structurel » ;
- changer les missions de l'Inspection générale et territoriale : il faut cesser de penser que l'Inspection doit d'abord évaluer. Elle doit avant tout tirer les conséquences des évaluations. Personne ne se sent vraiment en charge de cette mission dans notre système éducatif actuel.