Intervention de Olivier Audéoud

Mission commune d'information sur le système scolaire — Réunion du 4 mai 2011 : 1ère réunion
Présentation des premiers travaux de la mission

Olivier Audéoud, recteur de l'académie de Grenoble :

L'éducation nationale a toujours pratiqué l'expérimentation. Cependant, nous sommes toujours dans une contradiction très française entre le centre qui ne veut voir qu'une tête et une seule organisation, et une velléité historique des Français de voir les décisions prises au niveau local. La vraie question est de parvenir à harmoniser les grandes expérimentations nationales. Sur le territoire français, il existe autant d'écoles que de situations différentes. Il convient de bien appréhender cette hétérogénéité. Tout ce qui est décidé nationalement ne convient pas nécessairement à toutes les académies. J'en veux pour exemple les Etablissements de réinsertion scolaire (ERS) dont l'académie de Grenoble n'a pas besoin.

L'expérimentation doit être une valorisation des situations particulières, mais elle varie selon les milieux. Par exemple, le ministère a lancé un grand débat sur les rythmes scolaires, avec une expérimentation sur les cours le matin et le sport l'après-midi. Dans mon académie, voilà trente ans que cette pratique existe en milieu montagneux, en raison des compétitions de sport de montagne. L'expérimentation dépend également des acteurs. Il est souvent possible d'expérimenter sans moyens nouveaux, à condition de trouver des personnes motivées. Il faut faire confiance aux équipes locales.

Dans l'académie de Grenoble, j'ai lancé un processus de soutien à toute expérimentation susceptible d'apporter un service meilleur pour les élèves. Cela nécessite de la souplesse bureaucratique et une réflexion collective approfondie qui n'est pas nécessairement une habitude dans l'éducation nationale.

Une condition est nécessaire : toutes les expérimentations que nous lançons doivent être compatibles avec les réformes. Celle des lycées nous ouvre, à ce titre, quelques espaces qui ne sont pas complètement normés et nous permettent d'expérimenter.

Autre question délicate : le lien entre l'éducation nationale et les collectivités territoriales. Pour une bonne expérimentation, il faut une bonne idée, une mise en oeuvre dans la durée, avec une évaluation et des comparaisons. Il convient de ne pas tomber dans le « gadget ». Je rencontre ainsi des difficultés avec certaines municipalités qui font du « gadget ». Si ces projets sont en soi fort sympathiques, ils sont parfois inadaptés et déconnectés d'une réflexion approfondie.

J'insiste sur les personnes. A Grenoble, une expérimentation, le programme « Parler », destiné à la petite enfance, avait fait l'objet d'évaluations minutieuses pendant trois ans. Ce programme a dû être abandonné parce que les enseignants ne se le sont pas approprié, peut-être en raison de frictions relatives au côté un peu théologique des sciences de l'éducation dans le monde universitaire. Paradoxalement, il est maintenant développé dans plusieurs académies, dont celles de Lyon ou de la Martinique. Il est important de convaincre les chefs d'établissements qui, à leur tour, doivent convaincre les équipes.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion