proviseur, lycée professionnel Maximilien-Perret, Alfortville. - Il faut distinguer l'expérimentation mise en place à la demande de la DGESCO et ce qui se passe pratiquement en permanence dans de nombreux établissements scolaires. Chaque établissement est différent des autres. Pour moi, l'expérimentation s'inscrit dans le cadre de la réforme du lycée, mais doit se poursuivre dans l'espace de liberté qui nous est laissé. Par exemple, nous pouvons organiser des enseignements communs aux classes de première dans de nombreuses disciplines. C'est pour nous l'occasion de décloisonner, en permettant à des élèves de profils différents de se côtoyer, leurs approches différentes contribuant à enrichir l'enseignement de ces disciplines. L'expérimentation permet, au sein d'un établissement scolaire, de fédérer des équipes, de donner une identité propre à l'établissement en dépassant la simple intention de « bien faire ». Elle permet de définir des objectifs et un plan d'action qui se base sur un projet connu de tous, enseignants, élèves, parents et collectivités territoriales. La région et la commune sont des partenaires sans lesquels il est impossible de conduire un projet avec succès. La pensée collective doit également permettre une meilleure adhésion des parents à la scolarité de leurs enfants. Expérimenter, c'est aussi expliquer ce qui est expérimenté.
L'expérimentation passe par une contractualisation, entre les différents partenaires au sein même de l'établissement, mais également avec le rectorat. Pour un chef d'établissement, il est parfois difficile de communiquer sur la nécessité de rationnaliser des moyens. Parler d'évaluation suscite aussi de la crainte chez les enseignants. Lorsque nous parvenons à faire passer le message selon lequel il ne suffit pas d'évaluer les élèves mais dans le but d'atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés ensemble, nous obtenons de l'équipe enseignante l'acceptation de l'évaluation de ses pratiques. Dès lors que la confiance s'installe avec l'ensemble des partenaires, l'aide apportée dans la mise en place des expérimentations est beaucoup plus probante.
Je souhaite vous présenter quelques exemples d'expérimentations au sein de mon lycée :
- les ateliers de philosophie : nous avons mis en oeuvre localement un partenariat entre des élèves de troisième et une classe de terminale L, pour alimenter la réflexion des élèves qui allaient entrer au lycée. Peu après, nous avons reçu un document nous permettant d'entrer officiellement dans l'expérimentation d'ateliers de philosophie en seconde. Nous avons immédiatement saisi cette opportunité. Notre travail va pouvoir se poursuivre en seconde, avec l'objectif d'être élargi ensuite aux classes de première. Pour moi, l'expérimentation est un espace de liberté qui doit impérativement être laissé aux établissements scolaires. Dans un lycée tel que le mien, il est impossible de n'évoluer que dans le cadre préétabli. Nous avons affaire à des élèves en plein devenir, dont le vécu est difficile. Si l'établissement reste un laboratoire pédagogique, il essaie, au fil de l'accueil de ses élèves, de toujours trouver les bonnes réponses ;
- l'atelier d'architecture : il accueille des élèves de la seconde au BTS et permet d'aborder différemment les notions de respect des lieux et des personnes, ou d'économies d'énergie ;
- un travail sur l'orientation : mon établissement a la spécificité d'accueillir des élèves de l'enseignement général, technique et professionnel. Nous travaillons sur l'orientation sous toutes ses formes et sur la fluidité des parcours. Passer d'une formation initiale à une formation en alternance, revenir d'une formation hors statut scolaire à une formation sous statut scolaire, y compris en cours d'année, doit être possible.