Intervention de Olivier Darbois

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 19 octobre 2022 à 9h35
Situation du centre national de la musique – audition

Olivier Darbois, président du Prodiss :

– Lorsque nous parlons de la taxe streaming, nous parlons de quelques centimes sur des abonnements d’une dizaine d’euros. Ne vous y trompez pas : l’augmentation de ces abonnements est déjà sur le bureau des boards des grandes plateformes, taxe ou non. Vous allez voir les abonnements augmenter dans les mois qui viennent. Nous proposons une assiette large, avec une taxe très minime.

Quant aux festivals, le bilan est compliqué. Tous les artistes qui n’ont pu tourner en 2020-2021 se sont reportés sur 2022, voire sur 2023, créant un embouteillage jamais vu et une offre énorme. L’euphorie de la sortie de crise a certainement produit chez les organisateurs une envie de rattraper un peu le temps perdu, d’augmenter le nombre de journées de festivals, d’en créer d’autres.

Les études ont montré qu’il existait 17 % de nouvelles créations, journées comme festivals. Personnellement, je trouve que c’était un peu prématuré. On n’envoie pas un sportif en convalescence en finale d’une coupe du monde. Il fallait certainement y aller progressivement. Bien entendu, cela a créé de l’inflation, avec des prestataires qui n’étaient pas tous au rendez-vous étant donné l’abondance de demandes.

Vous l’avez par ailleurs souligné, énormément de personnels ont quitté nos métiers. Pourquoi ? Au bout de deux ans de crise, sans horizon, une grande partie des cadres et des techniciens spécialisés ont tout simplement quitté nos métiers. Il va falloir travailler avec le CNM et aller dans les écoles pour faire renaître cette envie. Les modèles économiques du spectacle vivant sont extrêmement fragiles et compliqués. Il faut énormément de passion pour faire ces métiers. Je pense que, grâce au CNM, nous parviendrons à donner aux jeunes l’envie de rentrer dans nos métiers, même si nous ne récupérons pas les cadres d’un certain âge, qui sont partis définitivement selon nous.

S’agissant du baromètre et des études, une des vertus de la taxe fiscale sur la billetterie est de servir d’outil d’observation. Il est plus simple de partir de l’existant. L’obligation pour chacun d’assumer cette taxe conduira à un outil extrêmement performant. Dans le passé, les outils qui ont été mis en place par le ministère de la culture ont souvent été très compliqués à déchiffrer et manquaient de rationalité. Nous devons tout déclarer à tout le monde. Il conviendrait donc d’avoir un établissement centralisateur. Le CNM se propose de jouer ce rôle. C’est dans sa mission. Nous sommes totalement favorables à des études d’observation menées par le CNM, qui est indépendant.

Concernant les aides, le CNM est très efficace face aux Drac, qui le sont peut-être un peu moins. On leur demande beaucoup, mais elles doivent aussi faire des choix qui ne sont pas forcément motivés par des critères, là où ceux-ci existent au CNM, même s’ils sont certainement perfectibles.

On a posé la question de 2024. Nous avons subi le Bataclan, les grèves, les gilets jaunes, puis la crise du Covid et l’inflation. En 2024, nous allons avoir les jeux Olympiques. Nous ne pourrons accéder aux grands équipements, et les grands concerts et les grands festivals ne pourront se déployer de juin à septembre. Quand j’ai commencé ce métier, il existait deux stades par saison. Très souvent, c’était pour Johnny Hallyday. Aujourd’hui, on a une dizaine de Stade de France par saison. Toutes les séances sont complètes à 98 %. Les stades des territoires suivent également.

Les festivals subiront le même sort. Pourquoi ? Les événements sportifs vont bien entendu préempter les capacités de production, les prestataires techniques, les forces de police nationale, ainsi que les services de sécurité privés. De juin à septembre, nous n’aurons donc pas la capacité de nous déployer. Notez-le, parce que cela va affecter le rendement de la taxe fiscale de façon drastique.

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