Intervention de Laurent Jeannin

Mission d'information Bâti scolaire — Réunion du 15 février 2023 à 17h45

Laurent Jeannin, maître de conférences en sciences de l'éducation à l'Université de Cergy-Pontoise :

L'approche chilienne de l'architecture est de livrer un bâtiment public pas complètement terminé. Les cloisons et l'occupation de l'espace, par exemple, sont déterminées par l'usage. En France, il existe le « permis de faire » : quand on livre un bâtiment destiné à des personnes en situation de handicap, il est possible de ne pas le livrer terminé afin qu'il soit testé pendant les deux premières années par les personnes concernées.

La difficulté pour les collectivités est de devoir investir sur 40 ans dans des transformations de rénovation énergétique importantes sans avoir la garantie que ces travaux vont correspondre aux besoins dans 20 ans en termes, notamment, de démographie. Le niveau de la connaissance scientifique aujourd'hui est pluri-catégoriel et on ne peut pas se concentrer uniquement sur les questions d'énergie, même si c'est très important en termes d'épuisement des ressources ou de coûts... Créer des « aquariums » peut à terme avoir des impacts qu'on ne peut pas encore mesurer aujourd'hui. Quand on a conçu les établissements scolaires de type Pailleron, c'était la meilleure réponse industrielle du moment.

Dans les pays nordiques, les acteurs sont allés au-delà du partage des responsabilités État/collectivités locales pour s'intéresser la question du patrimoine mobilier public dans son ensemble.

Une analyse de l'existant dans les bâtiments publics est essentielle. Pour ma part, s'il s'agit de construire un nouvel établissement, je ferais une architecture extrêmement modulaire, style poteau/poutres, le sol et le plafond porteurs, les éléments techniques dans les façades ou dans les plafonds, avec la volonté d'une gestion des ressources la plus maîtrisée possible grâce à la gestion technique des bâtiments (GTB).

La mise en oeuvre d'une pédagogie active nécessite pour l'enseignant de disposer de plus de mètres carrés. L'emprise foncière est différente selon que 35 élèves travaillent en « configuration autobus » dans une salle de classe ou qu'ils travaillent en petits groupes. Dès lors que l'on constitue des groupes, on a besoin de plus de places : la classe se déplace dans les couloirs. Les Anglo-saxons parlent des learning corridors. Le couloir devient un espace d'apprentissage !

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