À mon tour, je remercie Guy Forget et Yannick Noah d'avoir accepté notre sollicitation. Pour notre commission d'enquête, cette audition arrive presque en fin de parcours. Nous avons désormais une vision globale des choses ; il restera ensuite à travailler sur les solutions.
En auditionnant deux grands tennismen, nous nous intéressons aux sportifs de très haut niveau en général, ainsi qu'aux hommes et femmes de spectacle, qui, du fait de leurs statuts et de leurs gains, sont parfois amenés à être imposés en dehors de nos frontières. Le tennis n'est donc pas spécifiquement visé au travers de cette audition, il me paraît important de le souligner.
Par ailleurs, l'ensemble des auditions que nous avons menées montre que la grande partie de l'évasion et de la fraude fiscales provient non pas, aujourd'hui, des sportifs ou des hommes et femmes de spectacle, mais plutôt du monde de l'économie ou de particuliers très fortunés, qui ont eu la chance de bénéficier de gros héritages et ont décidé de cacher leur patrimoine. Le niveau des revenus n'est donc pas seul en cause.
Nous vivons une période où l'exemplarité est particulièrement importante. C'est d'ailleurs davantage à ce titre que nous vous auditionnons, messieurs Noah et Forget.
Après avoir entendu M. Forget, je comprends bien que les joueurs de tennis classés au-delà du 120e mondial n'ont pas de problématique fiscale, puisque leur rémunération ne leur permet pas d'avoir un niveau de vie extraordinaire. Ceux qui sont visés, notamment au titre de l'exemplarité, sont plutôt les joueurs de très haut niveau et de premier rang, que l'on rencontre aussi dans le football et dans d'autres domaines plus artistiques.
À partir du moment où les joueurs ou joueuses de tennis ont bénéficié, en France, d'une éducation et d'un environnement sportifs, il ne semble pas illogique qu'ils puissent rendre, à un moment donné, ce qui leur a été collectivement apporté, notamment par la fiscalité à laquelle sont soumis l'ensemble de nos concitoyens.
Outre l'aspect collectif, il est du ressort de la collectivité de prendre en compte l'aspect individuel, à savoir le phénomène des carrières courtes. Il est aberrant que de grands champions olympiques, qui ont été l'honneur de notre pays, notamment en gagnant des médailles d'or, se retrouvent parfois, dix ou quinze ans plus tard, dans une extrême pauvreté.
À partir du moment où un homme ou une femme a porté haut l'honneur de notre pays, ne devons-nous pas collectivement considérer qu'il est de la responsabilité de la nation de lui permettre de vivre décemment jusqu'à la fin de ses jours ? Bien entendu, il conviendra d'approfondir une telle réflexion. Ne serait-il pas logique qu'un membre de l'équipe de France, quelle que soit sa discipline, ayant apporté beaucoup à notre pays en termes d'honneur et de représentation, bénéficie ensuite d'une retraite correspondant au salaire médian ?
Concernant l'imposition à 75 %, j'ai beaucoup apprécié le point de vue, que nous connaissions déjà, de Yannick Noah.
Madame Goulet, les parlementaires n'ont pas des revenus annuels de 1 million d'euros, mais peut-être quelque chose m'a-t-il échappé dans vos propos...