Intervention de Yannick Noah

Commission d'enquête Evasion des capitaux — Réunion du 19 juin 2012 : 1ère réunion
Audition de Mm. Yannick Noah joueur de tennis et chanteur et guy forget joueur de tennis

Yannick Noah :

Je m'exprimerai en mon nom, car je ne représente pas l'ensemble des sportifs et artistes.

J'ai arrêté ma carrière sportive il y a vingt ans, à une époque où les gains étaient nettement inférieurs à ce qu'ils sont aujourd'hui.

Aujourd'hui, si l'on fait partie des dix premiers mondiaux et qu'on ne tombe pas sur un escroc, on peut vivre et faire vivre sa famille pendant une, voire deux générations. La situation est donc très différente de celle que nous avons connue, où nous devions nous occuper de l'après-tennis quasiment le lendemain de la décision de partir à la retraite.

J'ai pris ma retraite en 1990 et j'ai décidé de m'installer en Suisse en 1991. Tout simplement, j'avais la crainte du lendemain. C'était avantageux pour moi. Toutefois, il aurait fallu adopter un certain mode de vie pour continuer à vivre à Montreux. Au bout de trois ans, le temps m'a semblé long et j'ai décidé de revenir en France, d'autant plus que, grâce à Guy, j'ai bénéficié alors de revenus inespérés, puisqu'il m'a permis de gagner la coupe Davis en tant que capitaine. Vingt-deux ans après, je te le dis : merci, Guy !

Un joueur de tennis perçoit la plupart de ses revenus à l'étranger. Je peux justement faire la différence avec le chanteur que je suis maintenant, qui fait « toute sa carrière », ou plutôt 80 % de sa carrière, en France. Il est hors de question que j'aille ailleurs. Je gagne mon argent ici, je paye mes impôts ici et, naturellement, je vis ici.

Je serais une vedette internationale sur le plan artistique, sans doute la question se poserait-elle : si, demain, je fais cinquante concerts aux États-Unis et que je gagne cinquante fois ce que je gagne ici - tout est multiplié par cinquante là-bas -, aurais-je envie de revenir payer mes impôts ici ? Certainement pas ! Même si j'adore chanter La Marseillaise, même si je suis prêt à me battre pour les couleurs de mon pays. C'est un point de vue personnel, peut-être égoïste. Mais le problème ne se pose pas. Je gagne mon argent ici, grâce au public français. Il me semble donc normal de partager avec lui.

En revanche, je ne peux pas conseiller à mon fils, qui a fait toute sa carrière aux États-Unis, de venir payer ici un impôt à 75 % ; ce serait aberrant !

Pour répondre à la question que vous avez posée, monsieur le sénateur, il me semble normal de payer un impôt à 75 %. Je ne suis pas à la tête d'une grande compagnie, qui posséderait plusieurs antennes à l'étranger. Vous aviez l'air d'avoir un avis très tranché sur ces 75 %, le mien aussi l'est assez.

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