Concernant les frais à supporter, contrairement au football ou à beaucoup d'autres sports, le joueur de tennis est son propre patron. C'est lui qui rémunère son entraîneur et son préparateur physique. Il a donc un certain nombre de charges.
Aujourd'hui, les frais de voyage d'un joueur figurant parmi les 100 meilleurs - je ne parle ni de Federer ni de Nadal, qui voyagent dans des conditions différentes avec un staff très important - s'élèvent à 125 000 euros environ par an, pour suivre le circuit. Il paye ses billets d'avion, ses repas, les salaires de son entraîneur et de son préparateur physique. Si sa chambre d'hôtel est prise en charge, il doit payer celles de son entraîneur et de son préparateur physique. Je crois que ce budget s'élève à 135 000-140 000 euros pour un joueur australien et à 120 000-125 000 euros pour un joueur européen. Pour certains, c'est un peu moins.
Les joueurs français résidant aujourd'hui à l'étranger sont au nombre de sept ou huit. Sur tous les revenus français qu'ils déclareront - on joue beaucoup en France, à l'occasion de la coupe Davis, de Roland-Garros, de Bercy, de l'Open de Montpellier, des tournois de Marseille et de Metz -, ils seront quasiment taxés à 50 %, comme le disait Yannick Noah tout à l'heure. Je sais que la tranche d'imposition maximale de l'impôt a été modifiée, mais j'ignore son taux exact, vous devez le connaître mieux que moi. Voilà pourquoi il y a une double imposition.
Rafael Nadal et Roger Federer, qui sont étrangers, doivent se soumettre au même processus, en remplissant une déclaration complémentaire à la fin de l'année, parce qu'ils ne jouent pas uniquement à Roland-Garros. D'ailleurs, ils ne s'en offusquent pas, ils jouent ces tournois, et ils les joueraient demain, comme l'a dit Yannick, même s'il n'y avait pas de prize money. En effet, en termes d'images, ces derniers représentent énormément pour eux. Néanmoins, ces joueurs sont taxés sur les montants qu'ils perçoivent.
Si je peux prendre la « défense » de ces joueurs français qui résident aujourd'hui à l'étranger, je rappelle que, sur tout ce qu'ils gagnent en France, ils en reversent la moitié. Quant à la question de savoir si c'est suffisant, voilà un autre débat. Convient-il d'échelonner l'impôt, à plus forte raison si on passe demain à 75 % ? Effectivement, ce sera toujours beaucoup d'argent ! Selon moi, c'est à vous, madame, messieurs les sénateurs, de réfléchir à une fiscalité à plusieurs paliers, étalée dans le temps. Je ne pense pas que les joueurs, aujourd'hui, puissent vous suggérer des idées. Je le sais, certains d'entre eux estiment normal de reverser 50 % de leurs revenus. Pourtant, à un moment donné, ils remarquent que, dans tous les autres pays du monde, aux États-Unis, en Australie, ils sont taxés à 30 % et non à 50 %, ce qui représente pour eux une économie de 20 points.
Aux yeux de ces six ou sept garçons, il s'agit d'une optimisation fiscale et, en aucun cas, d'une évasion fiscale. Pourtant, les médias et le grand public considèrent qu'ils fuient, pour ne pas payer leurs impôts, alors que ce n'est pas le cas.